Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le deuxième rapport du Conseil national de productivité analyse les effets de court et long terme de la crise économique due à la pandémie de coronavirus sur la productivité en France. Les risques les plus importants sont liés aux défaillances d’entreprises – ou à la survie d’entreprises peu productives sous perfusion.
Dans son deuxième rapport annuel, le Conseil national de productivité (CNP) examine les conséquences de la crise économique et sociale générée par la pandémie de Covid-19 sur la productivité de la France.
La crise du Covid constitue un choc de productivité. Le CNP rappelle que pendant le premier confinement, l’activité économique a beaucoup plus chuté que l’emploi salarié. Pour l’année 2020 dans son ensemble, l’Insee prévoit une baisse du PIB de 9% et une baisse de l’emploi salarié de 2,3%. Pendant les épisodes de confinement, grâce au dispositif de chômage partiel, les effectifs sont restés élevés au regard du niveau d’activité des entreprises, ce qui implique à court terme une forte baisse de la productivité du travail
A court terme, la productivité des entreprises a également été affectée par des coûts nouveaux, pour lutter contre l’épidémie (protections sanitaires, équipements informatiques…). Certains secteurs très touchés (hébergement-restauration, services aux ménages, aéronautique) ont subi une « chute dramatique », mais probablement transitoire, de leur productivité.
Cependant la crise pourrait avoir des conséquences durables sur la productivité si elle affecte des mécanismes déterminants comme la réallocation des ressources ou l’innovation. En effet, par rapport aux récessions passées, celle due au Covid-19 est d’une nature différente : plus soudaine, elle a frappé de manière très hétérogène les secteurs. Les mesures de fermeture administrative ont aussi obligé des entreprises productives à cesser leur activité.
Le CNP pointe trois risques principaux :
• De nombreuses défaillances d’entreprises, qui mettraient en danger des secteurs entiers, ou la faillite de grandes entreprises "systémiques" qui aurait un effet d’entrainement sur les autres. Ce scénario aurait des effets négatifs sur la productivité de long terme. En outre il n’est pas acquis selon le CNP que la restructuration des secteurs les plus touchés entraine une hausse de la productivité sectorielle. Jusqu’à maintenant, ce risque de forte hausse des faillites a été efficacement évité "grâce aux mesures sectorielles, aux mesures d’urgence, aux prêts garantis par l’État et au plan de relance".
• Le risque de vouloir protéger des entreprises peu productives, échappant à la faillite grâce à des taux bas, à leur position de marché et aux aides publiques. Ce risque est peu important durant la récession mais les entreprises non viables ne devront pas être soutenues artificiellement une fois que la demande sera repartie. Un ralentissement du processus de réallocation des ressources, nuance toutefois le CNP, "ne met pas en danger la croissance de la productivité à long terme".
• A moyen terme, l’augmentation des dettes des entreprises met en péril leur viabilité : "la question de la restructuration de certaines dettes se posera dès 2021".
Le CNP rappelle enfin que la crise pourrait aussi avoir certains effets positifs sur la productivité via l’innovation, avec l’expérimentation dans les entreprises de nouvelles technologies ou de nouveaux modes d’organisation, dont le télétravail (dont l’impact sur la productivité et le bien-être des salariés est encore mal connu en France).
Synthèse réalisée par la Documentation de Rexecode- Le document est accessible en suivant le lien ci-dessous.
Les effets de la crise Covid-19 sur la productivité et la compétitivité
Conseil national de productivité, 6 janvier 2021
Cette version préliminaire du 2ème rapport du CNP s’ouvre sur une période de consultation d’un mois avec les partenaires sociaux. La version finale du texte sera publiée à l’issue de ces échanges.
Sur le même sujet, voir aussi :
Télétravail : quels effets sur la productivité ?
Banque de France, Antonin BERGEAUD, et Gilbert CETTE - Bloc-notes Eco, billet N°198, 5 janvier 2021
Le télétravail a connu un fort développement avec le Covid-19. Cela pourrait se traduire par des effets favorables sur la productivité des entreprises notamment à travers l’accélération de la diffusion des technologies. Mais la littérature économique, dont la note propose une rapide synthèse, souligne que le plein bénéfice de cet effet favorable appelle une préparation appropriée.
2021, l'année des zombies ?
Direction générale du Trésor, billet d'Agnès Bénassy-Queré du 7 janvier 2021
Contrairement à une idée reçue, le processus de destruction créatrice fonctionne plutôt bien en temps normal en France. Toutefois, la crise du Covid-19 frappe les entreprises de manière indifférenciée. De manière générale, les économistes ont validé le choix de nombreux pays européens, dont la France, de soutenir les entreprises en fonction des fermetures administratives et des pertes de chiffre d’affaires, sans conditionner ces aides à leur situation financière pré-crise. Inévitablement, des entreprises non viables ont été protégées durant l’année 2020. Ont-elles été sur-protégées ?