Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
La Direction du Trésor examine les effets du statut résidentiel sur le chômage, le retour à l'emploi, la mobilité professionnelle et la qualité de l'appariement sur le marché du travail en France. L'analyse conclut que les propriétaires sont professionnellement moins mobiles que les locataires du parc privé lorsque la prise d'un emploi nécessite un déménagement.
En France, comme dans la plupart des pays de l'OCDE, la proportion de propriétaires occupants a sensiblement augmenté (58,1% des ménages en 2011). La part des locataires de logements sociaux est en baisse depuis 1998 (18,4%), tandis que celle des locataires du parc privé a constamment diminué depuis 1985 (23,5%). Ces évolutions sont susceptibles de modifier le fonctionnement du marché du travail via la capacité des actifs à déménager pour raison professionnelle.
Selon la Direction du Trésor, être propriétaire ou locataire d'un logement social limite les mobilités professionnelles lorsqu'elles impliquent un déménagement : à cause de coûts de mobilité élevés (frais de notaire pour les propriétaires, risque de perte de l'accès au logement social), les propriétaires et les locataires du parc social sont moins mobiles que les locataires du parc privé.
Selon les auteurs, la propriété immobilière réduit la probabilité d'être au chômage. Mais elle augmente, comme pour les locataires du parc social, la durée des épisodes de chômage. Sur le marché local, comparativement aux locataires du parc privé, les retours à l'emploi sont plus élevés pour les propriétaires et dans une moindre mesure pour les locataires du parc social. En revanche, lorsqu'un déménagement s'impose, les locataires du parc social et plus encore les propriétaires ont des taux de retour à l'emploi plus faibles que les locataires du parc privé.
Une étude comparative entre la France et le Royaume-Uni et les Etats-Unis renforce la conclusion d'un effet important des coûts de transaction immobilière sur la mobilité professionnelle en France : la propriété immobilière a peu d'impact sur les flux sur le marché du travail en Grande-Bretagne et aux États-Unis, pays où les frais de mobilité résidentielle pour les propriétaires sont faibles.
Les freins à la mobilité résidentielle pénalisent-ils la qualité de l'appariement sur le marché du travail ? Direction Générale du Trésor, Nicolas Costes, Sabrina El Kasmi, Trésor-Eco N°116, septembre 2013
Voir également :Un nombre de logements disponibles plus élevé accroît le bien-être, Natixis, Patrick Artus, document de travail N°10, août 2013. Après une revue de la littérature sur les effets de l’immobilier sur l’équilibre économique (effets de richesse, bulles et instabilité financière...), la note analyse l’effet du stock de logements disponibles sur le bien-être (notamment la réduction de l’épargne des jeunes, le financement de la construction immobilière, les effets d’une taxation de la revente des logements par les plus âgés).