Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Un document de travail de la Banque de France examine les déterminants des choix de portefeuille financier des ménages depuis trois décennies. Des simulations permettent également d’évaluer l’impact à long terme de la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur les placements financiers des ménages.
Au cours des trois dernières décennies, les ménages français ont fortement accru leur patrimoine financier, dont la composition a beaucoup évolué. Des économistes de la Banque de France analysent les déterminants des évolutions de la structure du portefeuille financier des ménages sur la période 1978-2016.
Ils soulignent par exemple le fort recul de la part de la monnaie fiduciaire et des dépôts à vue et d'épargne à court terme (58% du portefeuille des ménages français en 1978, 30% en 2016), ainsi que la très forte hausse des contrats d'assurance vie, passés de 4 à 44% sur la période.
Grâce au modèle empirique de Deaton et Muellbauer (1980) appliqué aux choix de portefeuille des ménages français, les auteurs montrent que la richesse des ménages et le rendement des actifs sont des facteurs déterminants de l’allocation des différents actifs dans le portefeuille.
A l'inverse,"de façon inattendue", les facteurs conjoncturels (incertitude, risque "réel" ou financier) affectent très peu la plupart des catégories d'actifs, en particulier les actions et les titres d’OPCVM non monétaires. Ainsi la crise financière n’a pas entraîné de changement majeur dans la répartition du portefeuille des ménages français.
En 2018, les différents régimes fiscaux de la plupart des produits financiers ont été remplacés par un prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur l'épargne. Les auteurs simulent l'effet de cette "flat tax" sur la répartition du portefeuille des ménages français.
À long terme, le PFU favoriserait l’investissement dans les actions (à hauteur de +0,8 points de pourcentage) et les titres d’OPCVM non monétaires, et dans une moindre mesure la monnaie fiduciaire et les dépôts à vue.
Cette réallocation des placements s'effectuerait au détriment des comptes d’épargne à court terme, des titres d’OPCVM monétaires, et surtout des contrats d’assurance-vie (-0,7 points), des plans d’épargne à long terme (plans d’épargne populaire - PEP) et des titres de créances directement détenues par les ménages. Les plans d’épargne logement (PEL) ne seraient pas affectés.
Si le PFU était étendu à tous les produits financiers, ces effets de substitution seraient renforcés en faveur des actions (+0,9 points) et des liquidités (+0,5 points).
French Households’ Portfolio: The Financial Almost Ideal Demand System Appraisal
Sanvi Avouyi-Dovi, Christian Pfister, Franck Sédillot
Banque de France, Working paper N.728, septembre 2019