Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Dans une étude commandée par le ministère de la Transition écologique, le Boston Consulting Group confirme que la France peut atteindre les objectifs climatiques qu'elle s'est fixés pour 2030, à condition qu'elle applique à la lettre la totalité des mesures prises et annoncées depuis le début du quinquennat pour faire baisser ses émissions de CO2.
Le ministère de la Transition écologique a fait expertiser par le Boston Consulting Group (BCG) l’impact carbone de l’ensemble des mesures prises en matière de lutte contre le dérèglement climatique depuis 2017, y compris celles du projet de loi "Climat et Résilience", présenté le 10 février en Conseil des ministres.
Le BCG conclut que le potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre de ces mesures est "globalement à la hauteur" de l’objectif de 2030, sous réserve de leur exécution intégrale et volontariste.
Ce scénario implique une adhésion forte et la mobilisation générale des collectivités locales, des entreprises, des citoyens, ainsi que l’engagement des moyens financiers et industriels nécessaires. L’étude portant sur les gaz à effet de serre émis en France, tels que comptabilisés dans l’inventaire national, hors secteurs des terres et forêts, le BCG prend aussi pour hypothèse que les politiques publiques s'attachent à réduire les impacts négatifs éventuels de ces mesures sur les capacités de stockage du carbone et sur les émissions importées, en veillant par exemple au développement soutenable des ressources en biomasse ou de la fabrication de batteries électriques).
Le BCG estime mesure par mesure la probabilité d'atteindre ce potentiel dans le scénario volontariste:
• Probablement pour environ 21 Mt de réduction de CO2e, soit une faible part du potentiel total. Avec des mesures telles que l’interdiction d’installation de chaudières fioul (11,6 Mt), l’obligation (dans le projet de loi Climat et Résilience) de rénovation des passoires thermiques pour les propriétaires bailleurs (1,1 Mt) ou les mesures incitatives du plan de relance visant la décarbonation de l’industrie (4,7 Mt).
• Possiblement pour environ 57 Mt de réduction de CO2e. Il s’agit par exemple de la règlementation européenne sur les véhicules particuliers (13,5 Mt), de la réduction des gaz fluorés (8,7 Mt), de la montée en gamme de l’élevage (6,8Mt), ou de la hausse du fret ferroviaire (2,9 Mt).
• Difficilement pour environ 29 Mt de réduction de CO2e, concernant essentiellement les mesures liées à décarbonation des poids lourds ou de l’industrie, les mesures incitatives de rénovation dont les moyens sont jugés insuffisants en particulier dans le tertiaire, et de réduction du trafic aérien.
Au total, les émissions pourraient baisser à 339 MtCO2e à horizon 2030 (l'objectif étant de 330 MtCO2e) dans un scénario volontariste, soit une réduction de 38% par rapport au niveau de 1990. Changer de curseurs sur certains leviers permettrait d'économiser 3Mt CO2e supplémentaires. Par exemple: une augmentation du parc électrique de 12 au lieu de 10 millions de véhicules, une hausse de +10% de la part modale du vélo au lieu de +5%, ou encore 90% de remplacement des chaudières au fioul dans le résidentiel au lieu de 60%. Aller significativement au-delà de l’objectif actuel nécessiterait selon le BCG de migrer vers un modèle socio-économique plus sobre et/ou des investissements massifs, "bien supérieurs à ceux actuellement envisagés".
Synthèse réalisée par la Documentation de Rexecode,
cliquez sur le lien ci-dessous pour accéder au document complet :
Evaluation d’impact des mesures prises depuis 2017 sur la réduction des gaz à effet de serre en France à horizon 2030 – Résumé de notre étude
Boston Consulting Group, 10 février 2021
Voir aussi :
Taxe carbone : incidence comparée en France et dans le reste de l’Europe
Antoine DEVULDER, Noémie LISACK
Banque de France, Bloc-Note Eco N.203, février 2021
Ce billet examine les effets économiques d’une taxe carbone dans le cas théorique où, afin d’atteindre les objectifs affichés par la Commission européenne (réduction des émissions de 55% en 2030 par rapport à 1990 et neutralité carbone en 2050), les pays de l’UE adopteraient une fiscalité commune sur le carbone dans les prochaines années. L’impact à moyen terme sur la valeur ajoutée serait 20% moins fort en France que dans le reste de l’UE, davantage en raison de différences de structure sectorielle (poids des secteurs les plus touchés, flux intersectoriels) que de différences d’intensité carbone entre secteurs homologues.