Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le réchauffement climatique peut déstabiliser le système financier à double titre: il augmente le coût et la fréquence des catastrophes naturelles ; il rend nécessaire la transition vers une économie à bas carbone, coûteuse pour certains secteurs et actifs. Des événements imprévisibles liés au changement climatique pourraient même déclencher la prochaine crise financière. La Banque des règlements internationaux examine comment les banques centrales peuvent à la fois évaluer le risque climatique et contribuer à le réduire.
La BRI examine comment les banques centrales peuvent intégrer le risque climatique dans l'évaluation et le suivi des risques pesant sur la stabilité financière et monétaire.
Cette évaluation est délicate car les études portant sur le passé et les modèles éco-climatiques existants ne sont pas en mesure de prévoir la forme que les risques associés au climat vont prendre.
Le changement climatique pourrait déclencher des événements susceptibles de déstabiliser le système financier.
Les risques climatiques sont en effet en progression et leur coût assez peu couvert par le système d’assurance. Certains pourraient même muer en "cygnes verts".
Comme les "cygnes noirs" (concept développé en 2007 par Nassim Nicholas Taleb), il s'agit d'événements imprévisibles et potentiellement très déstabilisants, explicables uniquement après coup. Mais les cygnes verts sont plus dangereux, leur niveau d'incertitude étant plus élevé, leurs conséquences plus graves et plus complexes.
Les banques centrales, dont une des grandes missions est de garantir la stabilité du système financier, ont un double rôle à jouer :
• en développant des outils analytiques pour modéliser les risques climatiques et les intégrer à leurs scénarios.
• en contribuant en tant que coordinateur à la lutte contre le changement climatique par le développement de nouveaux mécanismes financiers à l'échelle internationale (investissement d'une partie des réserves monétaires dans la finance "verte"), la politique de tarification carbone, la prise en compte des risques climatiques dans les cadres comptables, etc.
La BRI souligne toutefois que les banques centrales ne peuvent pas à elles seules atténuer les risques, c’est pourquoi elle appelle à coordonner les efforts avec les gouvernements et les entreprises.
The green swan: Central banking and financial stability in the age of climate change
Banque des Règlements internationaux, 20 janvier 2020
Voir aussi :
Including climate change risks in the DSA: concepts and definitions
Commission européenne, Debt Sustainability Monitor 2019 (encadré pp. 116-124)
Dans cette note, les services de la Commission examinent comment les risques climatiques pourraient être intégrés à l’exercice d’évaluation de la soutenabilité de la dette publique dans les pays de l’UE, par exemple sous forme de tests de résistance. Ils examinent notamment la littérature et les expériences en cours dans d’autres institutions (Banque d’Angleterre, EIOPA, etc.)
Changements climatiques et risque financier
FMI, Finances & Développement, décembre 2019, pp. 26-29
Quelles sont les conséquences concrètes des événements climatiques et de la transition énergétique sur les banques, les assurances et autres institutions financières ? Comment ces risques sont-ils pris en compte par les banques centrales et les autorités de réglementation financière ? Quel peut être la contribution du secteur financier à la lutte contre le changement climatique ? Quel rôle pour le FMI ? Un article synthétique et pédagogique.