Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Après être restée relativement stable dans de nombreux pays, la part du revenu national versée aux travailleurs diminue depuis les années 1980. Le FMI, dans ses Perspectives économiques mondiales, montre que cette tendance s’explique par le développement rapide de la technologie et de la mondialisation.
Dans ses perspectives économiques mondiales, le FMI examine l'évolution sur longue période du poids des salaires dans 27 économies avancées et 13 économies émergentes.
La part du revenu national consacrée aux salaires dans les pays avancés, qui s'est érodée depuis le début des années 1980 pour atteindre un point bas avant la crise, est d'un peu plus de 50%, 4 points sous le niveau de 1970. Elle baisse depuis le début des années 1990 dans les économies émergentes, particulièrement dans les grands pays, pour approcher 40%.
Dans les pays avancés, la robotisation et la numérisation expliquent pour moitié ce recul des salaires. S'y ajoutent à hauteur de 25% les effets de la mondialisation de la production (délocalisations). Ces deux forces conjuguées expliqueraient près de 75% du déclin de la part des salaires en Allemagne et en Italie et près de 50% aux Etats-Unis. Dans les pays émergents, la participation aux chaînes de valeur mondiales a été la cause principale du recul de la part du travail. La technologie a par contre joué un rôle minime.
La baisse de la part de revenu du travail dans les pays avancés a été particulièrement sensible dans le cas des travailleurs moyennement qualifiés, plus exposés à l'automatisation. Le poids des salaires des employés les plus qualifiés a été le seul à progresser, accroissant les inégalités salariales.
Le FMI avance aussi d'autres facteurs explicatifs, notamment l’abaissement des taux d’imposition des entreprises qui pourrait les inciter à substituer du capital au travail, et le recul du taux de syndicalisation qui a affaibli le pouvoir de négociation des salariés.
Understanding the Downward Trend in Labor Income Shares – FMI, World Economic Outlook, chapitre 3 pp. 121-172, avril 2017
Voir également :
Perspectives de l'économie mondiale, avril 2017 : Un nouvel élan ? FMI, 18 avril 2017.
La croissance mondiale est revue à la hausse à 3,5% par le FMI, qui prévoit à court terme un redressement des échanges mondiaux d’environ 4% (contre 2,2% en 2016). Mais le risque de renforcement du protectionnisme et à moyen terme la faiblesse de la productivité devraient peser sur la croissance. Pour la France, les prévisions de croissance sont de 1,4% du PIB en 2017 et 1,6% en 2018.
IMF Fiscal Monitor – FMI, 19 avril 2017
Global Financial Stability Report – FMI, 19 avril 2017