Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Une étude publiée dans Economie et Statistique (Insee) analyse l’évolution du PIB par habitant dans les principaux pays industrialisés depuis 120 ans, en faisant apparaître les principaux déterminants de ces évolutions : la productivité globale des facteurs, l’intensité capitalistique, le taux d’emploi, et la durée moyenne du travail. Les auteurs étudient plus particulièrement sur la période récente le rôle de l'emploi.
Une étude publiée par l'Insee s'appuyant sur la constitution d'une base de données de séries macroéconomiques permet de comparer les pays depuis plus de 120 ans : sur la période 1890-2012, le produit intérieur brut par habitant a connu une très forte progression dans les pays avancés (elle a été multipliée par 9 en France sur la période). Cette progression n'a pas été régulière : elle connait de fortes fluctuations liées à des chocs (guerres, innovations technologiques, chocs pétroliers, réformes…) dont les effets peuvent différer d'un pays à l'autre. Les deux facteurs qui ont principalement contribué à cette forte progression du PIB par tête sont la productivité globale des facteurs (PGF) et l’intensité capitalistique.
Outre la productivité, les hiérarchies de PIB par habitant sont influencées par les écarts de taux d'emploi et de durée moyenne du travail. Pendant la plus grande partie du XXe siècle, les États-Unis ont le niveau de PIB par habitant le plus élevé. Depuis le milieu des années 1970, un fort contraste apparait concernant la contribution du facteur travail. Entre 1974 et 1995, cette contribution diminue dans les pays européens vis-à-vis des États-Unis, ce qui abaisse le niveau relatif de PIB par habitant. Cette évolution s'inverse en partie depuis 1995, notamment grâce à l'augmentation du taux d'emploi des seniors.
Sur l'ensemble de la période, l’évolution du PIB par habitant en France est semblable à celle de la zone euro "reconstituée" (Allemagne, France, Italie, Espagne, Pays-Bas, Finlande). Mais la position française se dégrade par rapport à la zone euro de 1974 à 1995, en raison d'une baisse relative du taux d'emploi. Cette baisse est due à des politiques de l’emploi "visant explicitement à réduire l’offre de travail" : préretraites, dispense de recherche d’emploi pour les chômeurs âgés, 5ème semaine de congés payés, réduction à 39h de la durée hebdomadaire du temps de travail…
Depuis 1995, la stabilité de la situation française par rapport à l'ensemble de la zone euro résulte d'une baisse relative du PIB par habitant de l'Italie qui compense la hausse de celui de l'Allemagne. Quant aux écarts avec l'Allemagne, selon les auteurs, ils "résultent largement des dynamiques différentes des taux d'emploi".
Le produit intérieur brut par habitant sur longue période en France et dans les pays avancés : le rôle de la productivité et de l'emploi – Antonin Bergeaud, Gilbert Cette et Rémy Lecat (économistes de la Banque de France) - INSEE, Economie et Statistique N°474, février 2015