Selon Morgan Stanley, les délocalisations aux Etats-Unis marquent le pas. La réindustrialisation dépendra davantage de la hausse de la demande intérieure et d'une réforme de la fiscalité des entreprises que du coût de l'énergie. Le faible prix du gaz représente néanmoins, selon la Société Générale, un avantage compétitif durable.

  • Dans un rapport sur l'industrie manufacturière aux Etats-Unis, Morgan Stanley, après un rappel des raisons du déclin industriel américain, constate l'arrêt des délocalisations massives, même si les espoirs de relocalisation semblent encore assez ténus.

Le scénario de base prévoit une appréciation de 17% du dollar US par rapport au panier du G10 d'ici 2015, ce qui aurait un impact négatif sur les exportations américaines. Néanmoins les prix bas du gaz naturel américain devraient constituer un avantage compétitif à long terme et inciter à la réindustrialisation. Ils ne sont pas pour autant un facteur décisif : la croissance de la demande intérieure et la politique fiscale seront en revanche déterminants. Selon une enquête auprès de dirigeants d'entreprises, une réforme de la fiscalité des entreprises aurait des effets positifs sur la relocalisation des capacités de production, notamment dans les secteurs de l'automobile et à forte densité énergétique (papier, métaux, industrie chimique). La longueur et la complexité des chaînes d'approvisionnement sont également devenus des enjeux très sensibles depuis la Grande récession.

US Manufacturing Renaissance; Is It a Masterpiece or a (Head) Fake?- Morgan Stanley Blue Paper, 29 avril 2013

  • Le Département des études économiques de la Société Générale a étudié les implications de l'indépendance énergétique américaine. À l'horizon 2020, les États-Unis resteraient le premier producteur gazier mondial, devant la Russie, et deviendraient également le premier producteur pétrolier, devant l'Arabie saoudite. Ils n’importeraient plus que 10% de leur consommation de pétrole d'ici à 2020. Ce boom énergétique pourrait bénéficier à la compétitivité de l'industrie américaine et entrainer une divergence des balances commerciales entre les Etats-Unis, l'Europe et l'Asie. Le déficit courant américain se réduirait aussi progressivement.

La hausse de la production de pétrole et de gaz non-conventionnels serait positif pour les États-Unis et pour l'économie mondiale, mais son impact serait inégal : ainsi le secteur manufacturier européen pourrait subir un handicap compétitif durable.

Indépendance énergétique des Etats-Unis, Société Générale, EcoNote N°17, 13 mai 2013

  • Dans son Baromètre sectoriel semestriel, la Coface confirme que l'écart se creuse entre les secteurs européens et ceux d'Amérique du Nord. La situation est toujours dégradée dans la plupart des secteurs européens, tandis que des améliorations apparaissent en Amérique du Nord, notamment dans les secteurs bénéficiant du rebond de la consommation des ménages comme la construction et l’automobile

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Panorama secteurs, Coface, printemps 2013

A noter enfin un ouvrage paru le 2 mai 2013 : Le mirage du gaz de schiste par Thomas Porcher, ed. Max Milo. Partant de l'expérience américaine, l'économiste examine les implications que pourrait avoir l'exploitation du gaz de shiste en France.