L’économie française devrait enregistrer une croissance de 1,1% en 2025 selon l’Insee, 0,9% selon la Banque de France, des prévisions arrêtées sur la base d’indicateurs portant sur la période antérieure à la censure du gouvernement Barnier par l’Assemblée nationale. L’évolution de la situation politique et budgétaire en France constitue donc un aléa important, tout comme les tensions géopolitiques et commerciales sur le plan international.

L’Insee et la Banque de France ont publié en décembre leurs prévisions économiques pour la France (respectivement à horizon mi-2025 et 2027). Les deux institutions n’espèrent pas de rebond de l’activité en 2025.

Selon l’Insee, la France, déjà pénalisée au même titre que d’autres pays européens par la faiblesse de l’investissement liée à des conditions de crédit restrictives, de même qu’une consommation atone et un niveau d'épargne élevé, pâtit également depuis l’été 2024 d’une forte incertitude politique et budgétaire.

La PIB stagnerait au 4ème trimestre 2024 (0,0%) par contrecoup des Jeux Olympiques qui avaient soutenu l’activité durant l’été, puis croîtrait faiblement (+0,2%) au 1er semestre 2025. Au final, la croissance annuelle pour 2024 s'élèverait à 1,1% du PIB, comme en 2023. L’acquis de croissance pour 2025 à mi-année serait modeste, à +0,5%. Le taux de chômage "poursuivrait sa lente remontée pour atteindre 7,6% mi-2025".

Cette prévision repose sur les indicateurs conjoncturels calculés pour octobre au plus tard et sur les réponses aux enquêtes collectées avant la censure du gouvernement par l’Assemblée nationale. Outre les incertitudes internationales, l’Insee estime que "l’évolution de la situation politique en France constitue un aléa important du scénario, notamment quant au devenir des mesures budgétaires prévues pour 2025".

La Banque de France anticipe une reprise décalée à 2026 et 2027 par rapport à ses prévisions d’automne. La croissance progresserait de +1,1% en 2024, ralentirait un peu en 2025 (0,9%) et gagnerait en vigueur en 2026 et en 2027 (1,3% chaque année). Cette projection a été arrêtée au 27 novembre, avant la motion de censure, avec des hypothèses de finances publiques proches du projet de loi de finances conduisant à une réduction du déficit public à 5% du PIB en 2025. L'inflation devrait retomber en moyenne annuelle en 2024 à 2,4% et s'inscrirait durablement en dessous de 2% d'ici 2027.

Synthèse par la Doc de Rexecode, accès au document par le lien ci-dessous

L’activité suspendue à un regain de confiance

INSEE, Note de conjoncture, 17 décembre 2024

Projections macroéconomiques France

BANQUE DE FRANCE, 16 décembre 2024

 

A lire également sur les prévisions économiques pour la France :

Dans le cadre de la Loi de finances spéciale, l’OFCE attend "théoriquement" un "effort budgétaire structurel primaire de +0,4 point de PIB en 2025 (contre +1,5 point de PIB dans le PLF 2025)". Au regard des multiplicateurs budgétaires à court terme, la Loi spéciale réduirait la croissance de -0,2 point de PIB (contre -0,8 point dans le PLF 2025).

En supposant que la motion de censure et la Loi spéciale n’aient pas d’effets négatifs induits sur la croissance, le déficit public que l’OFCE attendait à -5,3% du PIB en 2025 avec le PLF passerait à -6,1% malgré une croissance économique plus élevée (1,4% au lieu de 0,8%) en raison de la moindre consolidation budgétaire. En cas d’effets négatifs sur la croissance (hausse des primes de risque et du coût de refinancement, accroissement de l’incertitude et des comportements de précaution des entreprises et ménages conduisant à moins d’investissement, d’embauches et à plus d’épargne), le déficit public serait de -6,4 points du PIB avec une croissance à 0,8% en 2025. "Sans mesures nouvelles, le déficit serait donc attendu entre -6,1% et -6,4% du PIB en 2025".

Après la censure : impact économique et budgétaire de la Loi spéciale pour 2025

BLOG OFCE - Pierre MADEC, Mathieu PLANE, Raul SAMPOGNARO, décembre 2024

 

En raison du ralentissement de l'activité économique et de l'augmentation des dépenses publiques, le Crédit Agricole relève sa prévision de déficit public pour la France de 5,5% à 6,0% du PIB en 2025. La prévision de croissance du PIB est revue en baisse à 0,8% au lieu de 1,0% pour 2025, principalement en raison de la montée depuis l'été 2023 de l'incertitude politique, qui pèsera sur les investissements, l'épargne de précaution et la consommation des ménages. La réduction de l'incertitude politique et fiscale (scénario incertain mais "raisonnable") devrait permettre un retour de la croissance du PIB à 1,1% d’ici 2026.

France – Quand l'incertitude politique pèse sur la croissance

CREDIT AGRICOLE - Marianne PICARD, Valentin GIUST, Perspectives N°24/341, 16 décembre 2024