Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Dix ans après les "lois Hartz", une note du Cerfa fait le bilan de cette réforme majeure de l'assurance chômage et de l'aide sociale en Allemagne. Si son efficacité contre le chômage et pour le développement de l'emploi est incontestable, ni la réussite économique du pays ni la montée de la précarité sociale ne peuvent lui être entièrement imputées.
Une Note du Cerfa examine dans quelle mesure la série de réformes lancée suite aux recommandations, en 2002, de la Commission Hartz pour la modernisation du marché du travail, a contribué à la réussite économique de l'Allemagne.
Incitant fortement à la reprise d'emploi, la réforme a permis selon l'auteur la "déconnexion de la croissance économique et du chômage". Depuis son introduction, le chômage a reculé, y compris pendant les années de faible croissance (à l'exception de la récession de 2009). Depuis 2012, il a ainsi diminué de moitié. Ce succès est à la base des performances économiques du pays, "même s'il porte plus sur le nombre d'emplois créés que sur leur qualité".
Cependant, d'autres facteurs ont joué un rôle décisif et notamment la réforme du droit du licenciement (intervenue sous Schroeder, avant les lois Hartz) ou les choix des entreprises en matière de gestion de la main-d'oeuvre en temps de crise (réduction temporaire du temps de travail et chômage partiel).
Le taux de pauvreté en Allemagne est resté relativement stable entre 2005 et 2011 (14 à 15%) mais il était plus faible entre 2000 et 2004 (entre 10 et 12%). Surtout, la part des chômeurs pauvres, est passée de 49,6% en 2005 à 58,7% en 2011. Selon l'auteur, "il n'est pas certain que cette aggravation soit la conséquence de la réforme Hartz, mais comparé à l'évolution des autres catégories, on ne peut exclure cette conclusion".
On notera que le volet réinsertion des personnes les plus éloignées de l'emploi n'a pas donné les résultats attendus et que le chômage de très longue durée a peu diminué. Enfin, les allocations complémentaires (Hartz IV) maintiendraient un secteur de bas salaires subventionné par l'argent public. L'auteur souligne à ce sujet que le débat sur les lois Hartz s'est déplacé sur l'introduction d'un salaire minimum.
Entre réussite économique et précarité sociale : l'Allemagne dix ans après les lois Hartz - Note du CERFA N°101, Brigitte Lestrade, mai 2013
Sur le même sujet, voir aussi la note de la Direction générale du Trésor : Réformes Hartz : quels effets sur le marché du travail allemand ?, Trésor-Eco, N.110, mars 2013
A noter également cette semaine sur la question de l'emploi :
- Selon une note de l'institut DIW Berlin, le chômage des jeunes en Allemagne diminue considérablement, mais les différences régionales se renforcent. Selon l'auteur, la baisse du chômage des jeunes serait due principalement à l'évolution démographique (diminution du nombre de jeunes). La note pointe la concentration du chômage des jeunes dans certaines régions (à l'est et dans les anciennes régions industrielles de l'ouest). Jugendarbeitslosigkeit sinkt deutlich - regionale Unterschiede verstärken sich - DIW Wochenbericht, Karl Brenke, mai 2013 (en allemand, résumé en anglais)
- La Commission européenne a publié un Mémo sur les mesures initiées par l'UE pour faire face au chômage des jeunes : EU measures to tackle youth unemployment, Commission européenne, Memo/13/464, 28 mai 2013
- Lors d'une conférence à Sciences Po consacrée à l’Europe le 28 mai 2013, les ministres du Travail français et allemand (Michel Sapin, Ursula von der Leyen) ont présenté leur plan d’action en faveur des PME nommé "Initiative européenne pour la croissance et pour l'emploi". La facilitation de l'accès au crédit pour les PME, le développement de l'alternance et de la mobilité géographique sont les trois leviers sur lesquels vont jouer la France et l'Allemagne pour lutter conjointement contre le chômage des jeunes.