Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Dans la projection de l'économie mondiale à horizon 2050 réalisée par le CEPII, la hiérarchie des principaux pays en termes d’activité économique serait bouleversée par la montée en puissance de la Chine ou de l’Inde et l'arrivée de pays comme le Nigéria parmi les dix premières économies mondiales. Leur forte croissance doublerait la consommation d'énergie dans le monde.
À quoi ressemblera l'économie mondiale en 2050 ? La réponse, selon les économistes du CEPII, dépend des multiples forces motrices de la croissance à long terme : démographie, éducation, diffusion du progrès technique, coûts de l'énergie, comportements d'investissement et d'épargne, mobilité internationale des capitaux.
Les auteurs ré-estiment le modèle Macro-économétrique à trois facteurs (capital, énergie, travail) de l'économie mondiale (MaGE), initialement développé par Fouré et al. (2013), avec une base de données couvrant 170 pays. Leurs simulations ne prennent pas en compte les effets de certains chocs sur l’activité : instabilité politique, conséquences du Brexit, pandémie de Covid-19, impact du changement climatique, etc. Les projections obtenues sont comparées à celles d'autres organisations (Ocde, HSBC, PwC, The Economist).
En 2050, les cinq premières économies mondiales en termes de PIB seraient la Chine (27ème pour le PIB/habitant en PPA), suivie des Etats-Unis (11ème PIB/hab), de l'Inde, du Japon (23ème PIB/hab) et de l'Allemagne (19ème PIB/hab). A la 7ème place du classement, le Nigeria, première économie africaine, connaîtrait la plus forte croissance, au sein des grandes économies dans le monde, soit 7,7% par an sur l'ensemble de la période 2020-2050. La France, avec une croissance cumulée de 27% sur la période, afficherait une performance proche de celle de l'Allemagne. Elle serait 9ème (39ème PIB/hab) en 2050.
Le classement régional voit la zone Asie de l'Est-Pacifique passer devant la zone Europe-Asie centrale et l'Amérique du Nord, cette dernière restant N°1 en termes de PIB/habitant en PPA. Avec une faible croissance, de 26% en cumul sur 30 ans, l'économie européenne pèserait en 2050 deux tiers de celle des Etats-Unis (au lieu d'un niveau presque équivalent aujourd'hui) et ne représenterait plus que la moitié de celle de la Chine.
Ces projections de croissance mondiale impliqueraient un doublement de la consommation d'énergie, malgré l’amélioration de l’efficacité énergétique.
En termes de consommation d'énergie, si un découplage avec la progression du PIB s'opèrera dans certains pays et zones (Etats-Unis, Japon, Europe...), ce ne sera pas le cas dans la plupart des pays émergents et en développement dont la consommation augmentera fortement. La plus forte pression sur les ressources viendra d'Asie et d'Afrique australe. Ainsi la part de la Chine dans la consommation énergétique mondiale passerait de un quart en 2020 à un tiers en 2050, celle de l'Inde doublerait, passant de 8 % à 16 %.
Les auteurs rappellent que si le doublement de la consommation énergétique mondiale ne signifie pas celui des émissions de gaz à effet de serre, "une intensification du partage des technologies au niveau international est essentielle pour découpler croissance économique et consommation d'énergie".
Synthèse réalisée par le service Documentation de Rexecode. Cliquez sur le lien ci-dessous pour accéder au document.
MaGE3.1: Long-Term Macroeconomic Projections of the World Economy
CEPII - Lionel Fontagné, Erica Perego et Gianluca Santoni – Document de travail N.2021-12, décembre 2021