Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le projet de réforme des retraites prévoit d’étendre le dispositif des carrières longues pour atténuer l’effet du report de l’âge légal de départ à 64 ans sur les personnes entrées tôt dans la vie active. L’Institut des politiques publiques revient sur les fondements de ce dispositif créé en 2003 et examine le profil des retraités qui en ont bénéficié. Il constate que contrairement à l’idée commune, ces derniers ne sont pas les moins qualifiés et que leur espérance de vie est identique voire supérieure à celle des autres retraités. S'il est clair que le dispositif n'est pas adapté à la prise en compte de la pénibilité, l'IPP examine comment il peut viser l'équité en tenant compte des durées de contribution et de retraite.
Le dispositif actuel de départ anticipé pour carrière longue ouvre la possibilité de partir à la retraite avant l’âge de 62 ans aux personnes qui ont commencé à travailler avant 20 ans (avec un nombre minimum de trimestres cotisés en début de carrière), et qui ont validé le nombre total de trimestres requis. Actuellement examiné au Sénat, le projet de réforme des retraites prévoit une extension du dispositif carrière longue pour atténuer les effets du report de l’âge légal de départ à 64 ans sur ceux qui ont commencé à travailler jeune. Outre le fait qu'ils seraient amenés à cotiser plus longtemps, on pense aussi habituellement que ces travailleurs, moins qualifiés, exercent des métiers manuels ou pénibles et sont donc davantage usés par le travail.
L’Institut des Politiques publiques (IPP) montre dans deux billets de blog que les bénéficiaires d'une retraite anticipée pour carrière longue ont une espérance de vie identique, voire supérieure, à celle des autres retraités et "sont moins souvent en situation de handicap, du moins au début de leur période de retraite". Il faut en effet pour bénéficier du dispositif avoir cotisé toute sa vie, or les assurés en moins bonne santé sont "davantage susceptibles d'avoir connu des trous de carrière liés à la maladie ou l'invalidité".
Les carrières longues bénéficient principalement aux ouvriers qualifiés et aux professions intermédiaires, les ouvriers et les employés non qualifiés étant nettement sous-représentés dans le dispositif par rapport à leur poids dans l'ensemble de la population. Le profil des bénéficiaires a en effet eu tendance à évoluer: "il peut s'agir de personnes ayant fait des études courtes, voire des études longues combinées à des jobs d'été ou des boulots étudiants".
Le dispositif carrière longue repose avant tout sur le principe de contributivité rappelle l’IPP et il ne peut se substituer aux systèmes de prise en compte de la pénibilité ou des incapacités. "Pour corriger les inégalités de durée espérée en retraite, il serait nettement plus efficace, par exemple, de faire revenir à 60 ans l'âge de départ en cas d'invalidité ou d'inaptitude au travail, comme il l'était jusqu'en 2010". Par contre, dans la mesure où l'espérance de vie des retraités bénéficiant du dispositif carrière longue n'est pas inférieure à celle des retraités partant plus tard à la retraite, "il est naturel, pour ne pas créer des situations d’iniquité, de tenir compte aussi de la durée de retraite plus élevée que cette anticipation procure".
Synthèse par la Documentation de Rexecode, liens ci-dessous pour accéder aux documents
Les départs anticipés pour carrière longue permettent-ils de compenser une plus grande pénibilité des métiers ?
INSTITUT DES POLITIQUES PUBLIQUES
Blog de l’IPP - Patrick AUBERT, 6 mars 2023
Carrières longues : devrait-on pouvoir partir à la retraite dès qu’on a cotisé la durée requise ?
INSTITUT DES POLITIQUES PUBLIQUES
Blog de l’IPP - Patrick AUBERT, 6 mars 2023