Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Confrontée au début des années 1990 à une grave crise économique, la Suède a su assainir ses finances publiques et réformer en profondeur son modèle social et restaurer sa compétitivité. Dialogue social, innovation, politique de l'emploi, fiscalité : une étude de la Fabrique de l'Industrie examine les recettes du succès suédois.
Des performances économiques et sociales remarquables. Un rapport de la Fabrique de l'Industrie rappelle que la Suède se place aujourd'hui devant l'Allemagne en termes de compétitivité, de croissance, de PIB par habitant, d’innovation, d’excédents commerciaux (5,7% du PIB, contre 4,8% en Allemagne) et de maîtrise des finances publiques (39,5% de dette publique fin 2010). Elle présente un des plus gros efforts de R&D dans le monde, du fait de l'investissement privé.
L'industrie suédoise est dominée par des grands groupes qui contribuent largement au dynamisme des exportations, sur lesquelles repose pour une grande part la croissance. Le poids de l'industrie dans le PIB est de 19,3% (22,4% en Allemagne, 12,5% en France en 2009). La Suède se désindustrialise, mais moins vite qu'ailleurs. Grâce à ses gains de productivité (dus notamment à l'effort de R&D et au développement des TIC), à son ouverture sur l'international et au maintien d'un niveau de gamme élevé, le secteur manufacturier suédois a connu une vive croissance entre 1993 et 2007. L'auteur souligne également que la compétitivité de l'industrie suédoise repose sur un dialogue social efficace et la prééminence des politiques actives de l'emploi. Depuis les années 1990, l'accent a été mis sur l'individualisation de l’accompagnement et la responsabilisation des demandeurs d’emploi, et la décentralisation des agences pour l’emploi.
La crise du début des années 1990 a poussé la Suède à engager d'importantes réformes structurelles. Ces réformes (libéralisation de nombreux secteurs, refonte du système de retraite, réorganisation et décentralisation de l’administration, réforme des politiques budgétaire et monétaire, suppression du statut de fonctionnaire…), ont permis de maîtriser l'inflation et les dépenses publiques et de développer les exportations, sans remettre en cause le rôle de l'Etat providence. En contrepartie d'un haut niveau de service public, la pression fiscale est l'une des plus élevée au monde. La fiscalité pèse moins sur les entreprises que sur les individus, et plus sur les revenus du travail (30 à 55%) que sur ceux du capital (30%).
La méthode : une source d'inspiration pour la France. Le rapport souligne que, plus que le contenu des réformes, "c’est la méthode de conception des politiques publiques en Suède qui est riche d’enseignements. Comparée aux autres pays, la méthode suédoise d’élaboration des politiques est connue pour être particulièrement rationnelle, pragmatique et consensuelle".
Les transformations du modèle suédois - La Fabrique de l'Industrie, Emilie Bourdu, 11 juin 2013
A lire également :
L'OCDE confirme que l'économie suédoise a fait preuve de résistance face à la crise, grâce à des politiques macroéconomiques saines et aux réformes structurelles de fond menées depuis le début de la décennie 90 : Etude économique de la Suède 2012, OCDE, décembre 2012.