Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
La réforme fiscale américaine devrait, à court terme, stimuler la croissance des Etats-Unis. Selon le FMI, cette accélération temporaire aura des répercussions favorables sur l’économie mondiale. A plus long terme, estime le Cepii, elle provoquerait un creusement du déficit public qui exposerait les pays européens notamment au risque d'une remontée brutale des taux d’intérêt américains.
Le FMI revoit à la hausse de 0,2 point ses prévisions pour la croissance mondiale en 2018 et 2019 (à 3,9%) "en raison d'une dynamique de croissance plus forte et des effets attendus" de la politique fiscale américaine adoptées en décembre 2017.
• La réforme fiscale devrait stimuler l’activité à court terme aux États-Unis, principalement grâce à à la réaction de l’investissement à la baisse de l’impôt sur les sociétés (de 35 à 21%). L’effet sur la croissance américaine devrait être positif jusqu’en 2020 : la prévision de croissance pour les Etats-Unis est rehaussée de 2,3% à 2,7% pour 2018 et de 1,9% à 2,5% pour 2019.
• L’accélération temporaire de la croissance américaine aura des répercussions favorables sur les partenaires commerciaux des États-Unis, en particulier le Canada et le Mexique. Ses effets sur l'économie mondiale représentent selon le FMI environ la moitié de la révision à la hausse de sa prévision de croissance mondiale pour 2018 et 2019.
• A partir de 2022, la réforme fiscale pourrait en revanche freiner la croissance américaine. Alors que d'une part l'incidence de la réforme fiscale sur le déficit public exigera des mesures ajustements budgétaires, et que d'autre part certaines dispositions ne sont que temporaires, la croissance s'avèrerait inférieure aux prévisions antérieures pendant quelques années à compter de 2022, au point d'annulera en partie la progression enregistrée d’ici-là.
Perspectives de l’économie mondiale – Mise à jour
Des perspectives plus prometteuses, des marchés optimistes et des obstacles à surmonter
FMI, 22 janvier 2018
"Inégalités extrêmes, inflation basse et progrès de productivité faibles par insuffisance des investissements productifs privés et surtout par la déshérence des investissements publics" : les auteurs doutent de la capacité de cette réforme fiscale à relever la croissance potentielle des Etats-Unis à 3% sur 10 ans, objectif affiché par D. Trump.
• La loi fiscale élèverait le déficit budgétaire cumulé de 1,5 trillion de dollars sur les dix prochaines années, selon les simulations du Tax Policy Center (Brookings Institution) rapportées par le Cepii. Ce qui obligerait à réduire les dépenses sociales et les investissements publics.
• Le creusement du déficit mettrait la banque centrale en difficulté, exposant les pays européens à une remontée brutale des taux directeurs américains. Cela pourrait provoquer un retour de l’écartement des taux entre pays européens et détériorer les bilans des banques dans les pays où elles sont les plus fragiles.
L’équilibre fragile des économies avancées face aux incertitudes de la politique américaine
La Lettre du Cepii N°384, janvier 2018
Michel Aglietta et Virginie Coudert