Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
La pénurie de candidats ou l’inadéquation entre les profils des candidats et les postes proposés sont les obstacles les plus souvent rencontrés dans les processus de recrutement. La Dares a interrogé les recruteurs pour mesurer ces difficultés et identifier les stratégies adoptées pour y faire face.
Grâce à l’enquête Offre d’emploi et recrutement (Ofer) menée en 2005 et 2016, le service de statistiques du ministère du Travail (Dares) quantifie les difficultés rencontrées par les entreprises (y compris les plus petites) dans leurs recrutements, et examine en détail leurs stratégies face à ces difficultés.
17 % des recrutements jugés difficiles par les recruteurs
D’après l’enquête Ofer 2016, qui a interrogé les recruteurs (établissements d'au moins un salarié du secteur privé) ayant embauché entre septembre et novembre 2015 en CDI ou en CDD de plus d’un mois en France, 17% des recrutements ont été jugés difficiles. La Dares rappelle que selon l’enquête annuelle Besoins en main d’œuvre de Pôle emploi, 2015 est, avec l’amorce d’une décrue du chômage, l'année où ces difficultés ont été les plus faibles depuis 2010.
La pénurie de candidatures (dans 7 cas sur 10), l’inadéquation entre les profils des candidats et les attentes du recruteur (formation, expérience, qualités personnelles, compétences techniques, etc.) et les caractéristiques du poste (rémunération insuffisante, contenu, etc.) sont les difficultés les plus souvent citées dans l’enquête, de façon souvent combinée. Les difficultés sont souvent plus importantes pour les postes qualifiés ou en CDI, dans la mesure où ces embauches engagent les employeurs à plus long terme et sont, pour certaines, plus stratégiques pour leur activité, ce qui augmente leurs exigences.
Dans le cas de la création d'un nouveau poste, les difficultés sont moindres. Elles varient enfin selon les secteurs d'activité: elles sont par exemple plus nombreuses dans les secteurs de l'information et de la communication, des services aux entreprises, l'industrie ou les transports.
Face à ces obstacles, les recruteurs adoptent trois grands types de stratégie
• L'intensification des efforts de recrutement (56%) en sollicitant davantage les canaux habituels ou avec un recours à d'autres canaux.
• L'assouplissement des exigences à l'égard du candidat (34%). Ces concessions portent plus souvent sur l’expérience et les compétences techniques (dans plus de 20% des cas) , sur la formation ou le diplôme (15%), et dans une moindre mesure sur les qualités personnelles et l’éloignement géographique. Mais les recruteurs transigent moins sur ces critères lorsque la technicité du poste est une des raisons des difficultés de recrutement.
• Une modification du profil du poste (20%). Cette modification passe le plus souvent par une redéfinition du contenu du poste, puis par une hausse du salaire proposé, ou par la proposition d'un contrat plus attractif (modification du type de contrat ou du temps de travail).
Les difficultés de recrutement se ressentent sur la satisfaction des employeurs une fois l’embauche effectuée, particulièrement si le recruteur a assoupli ses exigences vis-à-vis des candidats – insatisfaction parfois partagée par la personne recrutée. Ainsi, pour les recrutements ayant entrainé une redéfinition du contenu du poste, 42% des employeurs (contre 30% en moyenne) déclarent qu’ils n’embaucheraient pas la même personne.
Le recrutement n’est pas toujours un long fleuve tranquille - 17% des recrutements sont jugés difficiles par les recruteurs
Bertrand Lhommeau et Véronique Rémy
Dares Analyses N°31, 4 juillet 2019
Comment les employeurs surmontent-ils leurs difficultés de recrutement ?
Bertrand Lhommeau et Véronique Rémy
Dares Analyses N°32, 4 juillet 2019