Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
La production d'électricité en France pourra atteindre l'objectif de la neutralité carbone en 2050 avec "un coût maîtrisable" estime le gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE dans la synthèse d’un rapport à paraitre. A la lumière de six scénarios combinant sécurité énergétique et visée climatique, les auteurs de "Futurs énergétiques 2050" préconisent de développer les énergies renouvelables matures le plus rapidement possible et de conserver une part de nucléaire dans le mix électrique.
Dans une étude prospective commandée par le Gouvernement en 2019, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité français RTE examine l’avenir du système électrique français.
RTE teste six scénarios visant la sécurité d’approvisionnement du système électrique français et la neutralité carbone d’ici 2050.
- L’étude distingue deux familles de scénarios, selon que les nouveaux investissements dans le parc de production se portent (1) exclusivement sur les énergies renouvelables (scénarios "M", dont l’un prévoit la sortie du nucléaire à horizon 2050) ou sur (2) une combinaison d’énergies renouvelables et de nouveaux réacteurs nucléaires (scénarios "N").
- Ces scénarios sont calculés à partir d’une trajectoire de consommation "de référence", inspirée de la Stratégie nationale bas carbone* (SNBC) qui prévoit que la consommation globale d’énergie finale de la France diminuerait de 40% entre 2020 et 2050, passant d’environ 1600 térawattheures (TWh) à 930 TWh.
En 2021, 63% de l’énergie consommée en France est encore issue de combustibles fossiles. Pour éliminer, à terme, le pétrole et le gaz, l'électricité représenterait 55% du mix énergétique en 2050 contre 25% actuellement. La SNBC table sur des gains importants en matière d’efficacité énergétique mais pas sur un changement de mode de vie des Français. RTE souligne qu’à moyen terme, les nouveaux objectifs européens de réduction des émissions (-55% net en 2030, contre -40% dans la SNBC) impliqueraient "une action plus rapide" que dans le scénario de référence.
- Au-delà de cette trajectoire "de référence", RTE étudie deux trajectoires possibles de consommation (et quatre variantes): l’une de "sobriété" (554 TWh) et l’autre de "réindustrialisation profonde" (752 TWh, dont 87 d’hydrogène).
Dans le rapport synthétique, RTE met en avant les résultats suivants :
• Tous les scénarios et variantes concluent à une hausse de la consommation d'électricité, allant de 15% (sobriété) à 60% (réindustrialisation ou hydrogène +).
• Y compris en cas de maintien d'un parc nucléaire important, une électricité décarbonée en 2050 est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables, solutions désormais compétitives - notamment l’éolien, "une technologie mature aux coûts de production faibles".
• Se passer du nucléaire ferait peser "une contrainte très forte" sur l’objectif de neutralité carbone. Les rythmes de développement des énergies renouvelables devraient alors dépasser ceux des pays européens les plus dynamiques, comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni.
• Les scénarios de sortie du nucléaire dès 2050 ou fondés majoritairement sur le solaire diffus (sur toiture par exemple) sont significativement plus onéreux que les autres options.
• Le rôle de l’électricité décarbonée est primordial pour réduire les émissions de CO2, mais pas suffisant : il faudrait également activer d’autres leviers, comme le développement des bioénergies ou la baisse des émissions du secteur de l’agriculture.
* Stratégie nationale bas carbone : feuille de route gouvernementale, réactualisée tous les cinq ans, dont la dernière version a été adoptée en 2020.
Synthèse réalisée par le service Documentation de Rexecode. Merci de cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder au document.
Futurs énergétiques 2050 - Principaux résultats
Réseau de Transport d’Electricité (RTE), 25 octobre 2021
Les chapitres du rapport complet seront mis en ligne progressivement.