Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le taux de chômage calculé selon les normes du BIT* a baissé de 0,3 point en France au cours du premier trimestre, mais l'Insee souligne, à l’occasion de la publication trimestrielle de son Enquête emploi, qu'il s'agit d'un recul « en trompe l'œil » : il est lié au confinement mis en place depuis le 17 mars pour endiguer l'épidémie de Covid-19.
L’Insee a publié ses chiffres sur l’emploi et le marché du travail pour le premier trimestre 2020, en présentant de manière plus détaillée dans une "note d’éclairage" les résultats de l'enquête Emploi pour les dernières semaines de mars, pendant la période de confinement.
Le taux de chômage au sens du BIT, à 7,8% de la population active, est en retrait au premier trimestre 2020 de 0,3 point par rapport au trimestre précédent. Sur ce premier trimestre 2020, le nombre de chômeurs au sens du BIT* a diminué de 94.000 personnes en France (France entière hors Mayotte).
Si le taux de chômage apparait plus faible, cela ne traduit toutefois pas une amélioration du marché du travail.
Plus précisément sur la seconde quinzaine de mars 2020 (début du confinement), seules 42% des personnes de 15-64 ans sans emploi au sens du BIT et souhaitant travailler se sont déclarées disponibles et en recherche active d’emploi, contre 65% au cours de la même période de 2019. En conséquence, le taux de chômage au sens du BIT a fortement diminué : 5,4% en moyenne sur les deux dernières semaines du trimestre, contre 8,5% sur les onze premières semaines de référence du trimestre. Selon l’Insee, en l’absence de confinement, le taux de chômage au premier trimestre "aurait été quasi stable à 8,2%".
En contrepartie de la baisse du chômage, le halo autour du chômage** augmente de nouveau au premier trimestre. La part du halo dans la population des 15-64 ans augmente ainsi de 0,1 point sur le trimestre (+0,5 point sur un an), à 4,1%, son plus haut niveau depuis que l'Insee le mesure (2003). Elle a en particulier nettement augmenté sur la 2nde quinzaine de mars 2020 (+1,7 point sur un an).
* Un chômeur au sens du Bureau international du travail (BIT) est une personne âgée de 15 ans ou plus qui satisfait trois critères: sans emploi pendant la semaine de référence ; disponible pour travailler dans les deux semaines à venir ; a effectué, au cours des quatre dernières semaines, une démarche active de recherche d’emploi ou a trouvé un emploi qui commence dans les trois mois.
** Halo autour du chômage : personnes inactives au sens du BIT, souhaitant un emploi sans être considérées au chômage.
Au premier trimestre 2020, le marché du travail à l'épreuve de la crise sanitaire
INSEE – Informations Rapides : Chômage au sens du BIT et indicateurs sur le marché du travail, 14 mai 2020
Analyse des résultats de l’enquête Emploi –éclairage sur le marché du travail pendant la période de confinement au premier trimestre 2020
INSEE, 14 mai 2020
Covid-19 and regional employment in Europe
Banque des règlements internationaux – BIS Bulletin N.16, mai 2020
Ce document présente un indice de mesure du risque pour les marchés du travail européens durant la crise du Covid-19. Cet indice est basé sur les données régionales d'emploi dans les secteurs les plus touchés par la crise et sur l'importance de l'emploi dans les petites entreprises. Les régions du Sud Est de l'Europe et la France ont le niveau de risque le plus élevé, à l'inverse des régions du Nord de l'Europe.
EU jobs at highest risk of Covid-19 social distancing: Is the pandemic exacerbating the labour market divide?
Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop), mai 202
Le Cedefop crée un nouvel indice de risque associé à la distanciation sociale en raison du Covid-19 (Covid-19 social distancing risk index, COV19R). Il estime de manière prudente qu'environ 45 millions d'emplois sur le marché du travail de l'UE-27 (23% de l'emploi total dans l'UE-27) sont confrontés à un risque très élevé de perturbation et que 22% de la main-d'œuvre de l'UE (pour la plupart employés de services moyennement ou moins qualifiés) est exposé à un risque important.
German labour market’s glamour (partly) gone
Deutsche Bank Research – Focus Germany, 14 mai 2020
La pandémie de Covid-19 frappe le marché du travail allemand différemment de la crise financière de 2009. Au cours des précédentes périodes de crise économique, la consommation privée a toujours été un pilier de l'économie allemande et a donc contrebalancé les pertes d'emplois dans le secteur des entreprises exportatrices. Au 26 avril, 751.000 entreprises étaient déjà inscrites au chômage partiel, ce qui équivaut à près de 10 millions d'emplois concernés. Malgré les mesures globales de sécurisation de l'emploi, le nombre de chômeurs devrait grimper à 3 millions en 2020 en Allemagne.