Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Denis Ferrand analyse pour Le Monde les chiffres de la production industrielle en Europe. Si cette dernière a fléchi en mai dans les grandes économies européennes, le recul est particulièrement inquiétant pour la France.
La baisse de la production industrielle en France est de mauvais augure pour la croissance à court terme
L'Insee a annoncé, jeudi 10 juillet, une baisse marquée de la production industrielle (- 1,7%) que le directeur général de Coe-Rexecode, Denis Ferrand, juge en ligne avec les dernières enquêtes PMI de Markit – l'indice des directeurs d'achats (PMI, Purchasing Managers'Index) – et avec la note de conjoncture de l'Insee de juin, à la tonalité médiocre.
L'économiste préfère observer les évolutions de la conjoncture de trimestre en trimestre, ce qui permet de «lisser les chocs». Hélas, même à cette aune, les chiffres français sont détestables : - 1% au cours des trois derniers mois dans l'industrie et - 0,9% dans la production manufacturière. « En annualisé, cela fait du - 3,6%. C'est très mauvais, à un moment où le secteur de la construction boit le bouillon et où les indicateurs de chiffres d'affaires dans l'hébergement et la restauration ne sont pas terribles », analyse M. Ferrand. Dans de telles conditions, probablement amplifiées, comme l'ont observé les statisticiens publics, par les ponts du mois de mai, les prévisions de croissance de la Banque de France et de l'Insee pour le deuxième trimestre (+ 0,2 % et + 0,3 %) « ont du plomb dans l'aile »,
Risque de décrochage de la France au sein de la zone euro
Contrairement à ce qui se passe en Espagne et en Italie, les investissements en biens d'équipement ne redémarrent pas. « Le risque d'un décrochage relatif de la France par rapport à des pays du Sud autrefois plus fragilisés existe », selon M. Ferrand.
Pour le Royaume-Uni, « Nous n'avons qu'un mois de visibilité. C'est une profondeur qui n'est pas suffisante pour nous permettre de tirer des conclusions générales », estime l'économiste. « Le très mauvais chiffre de mai se marie mal avec les PMI manufacturiers britanniques et avec les dernières enquêtes harmonisées de la Commission européenne ».
Pour l'Allemagne « La sous-performance récente de la production industrielle allemande ne s'explique pas seulement par la faiblesse de l'activité en zone euro. Elle pourrait aussi traduire les meilleures performances à l'export d'industriels japonais reprenant des parts de marché aux Allemands », analyse l'économiste. Le fléchissement de la production industrielle constitue « une alerte », admet M. Ferrand. Mais, ajoute-t-il, la croissance allemande dispose d'éléments de soutien (...). Bref, le cas de l'Allemagne demeure autrement moins inquiétant que celui de la France.
Le Monde, 11 juillet 2014
Dans les principales économies européennes, la production industrielle a fléchi en mai, par Claire Guélaud
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