En France, la durée moyenne d’inscription aux chômage a atteint 482 jours. En février, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits depuis 3 ans au moins a dépassé la barre du demi-million. Cet éloignement durable de l’emploi fragilise l’édifice social.

La publication le 26 mars 2013 du nombre de demandeurs d’emploi pour le mois de février a très largement été commentée, sous un angle particulièrement étroit : le record du nombre de chômeurs de catégorie A (n’ayant exercé aucune activité dans le mois) serait-il battu ?

Le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A s’établit fin février 2013 à 3.187.700 en France métropolitaine. Le "record" n’a pas été battu, mais ce n’est probablement qu’une question de mois (voir : Le chômage poursuivra son ascension en 2013, Lettre du 1er mars 2013).

Ce record "manqué" en cache un autre qui pour le coup a été égalé en février : celui de la durée moyenne d’inscription à Pôle Emploi des demandeurs d’emploi, qu’ils aient ou non exercé une activité réduite. Cette durée est désormais de 482 jours. Un autre "record" est quant à lui battu mois après mois, c’est celui du nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi depuis 3 ans au moins, qui dépasse désormais franchement la barre du demi-million.

Or, plus encore que le nombre total de demandeurs d’emploi, c’est principalement cette inscription durable au chômage qui fragilise l’édifice social. Les chômeurs de longue durée sont les plus fragilisés par la hausse du chômage, l’éloignement durable de l’emploi amenuisant les opportunités de retrouver in fine un emploi. (1)

La question du traitement du chômage de longue et même de très longue durée refait brutalement surface dans une ampleur nouvelle par rapport aux antécédents historiques.

(1) Sur ce point, voir notamment la synthèse réalisée par le Conseil d’Orientation pour l’Emploi dans le rapport qu'il consacré en décembre 2011 au chômage de longue durée (p.32, point 2.2. Les chances de retrouver un emploi se réduisent passée une certaine durée de chômage].

« Les études qui ont pris en compte l’hétérogénéité des chômeurs concluent elles aussi à l’existence d’un effet de dépendance à la durée, mais d’ampleur limitée. De plus, la diminution des probabilités de sortie du chômage avec le temps passé au chômage, n’intervient que dans la phase de chômage de très longue durée, au-delà du cinquième ou sixième trimestre de chômage »