Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Si le coût horaire du travail des secteurs marchands reste en France l'un des plus élevé de la zone euro, il croît toujours moins vite que la moyenne, essentiellement grâce à la hausse d'un point du taux du CICE intervenue début 2017. Cette modération devrait s'interrompre en 2018. Les salaires progressent en effet plus vite en France qu'en zone euro et sont même plus dynamiques qu'en Allemagne dans l'industrie. Aucun allègement supplémentaire n'est prévu et le SMIC sera revalorisé de 1,2% au 1er janvier.
Au 3e trimestre 2017, le coût de l’heure de travail en France ressort à 37,2€ dans l’ensemble des secteurs marchands. Ce coût est nettement supérieur à la moyenne de la zone euro (30,9€) et excède notamment les coûts allemand (35,8€), italien (27,7€) et espagnol (21,1€).
Il progresse de 1,6% sur un an, soit un rythme plus modéré qu’en Allemagne (+2,6%) et que dans la moyenne de la zone euro (+1,9%). La modération du coût du travail sur un an est toutefois plus marquée en Italie (+1,3%) et surtout en Espagne (+0,4%).
• Dans les secteurs marchands, le coût horaire progresse moins vite en France que la moyenne, pas les salaires
La hausse de 6 à 7 points du taux du CICE au 1er janvier 2017 explique la relative modération du coût horaire du travail en France.
- Dans l'ensemble des secteurs marchands, les charges annexes au salaire (que le CICE permet d’alléger) n’augmentent que de 0,7% sur un an en France, contre +1,7% en moyenne dans la zone euro, +2,8% en Allemagne et 2,1% en Italie. Seule l’Espagne affiche une progression inférieure (+0,1% sur un an).
- En revanche, les salaires accélèrent en France (+2,1% sur un an, contre +1,5% en 2016 par rapport à 2015). Ils progressent à un rythme supérieur à celui de la moyenne de la zone euro (+2,0%), et notamment à ceux de l’Espagne (+0,5%) et de l’Italie (+1,0%). L’Allemagne continue toutefois d’enregistrer une hausse plus marquée (+2,5% sur un an).
• Dans l’industrie, le coût du travail progresse désormais plus vite en France qu'en l’Allemagne
- Dans l’industrie manufacturière, le coût horaire du travail apparaît encore plus dynamique en France relativement à ses principaux partenaires européens. Son niveau (38,7€ au 3e trimestre 2017) demeure en-deçà du niveau allemand (41,4€) mais, pour la première fois depuis 2012, il progresse plus rapidement en France qu'en Allemagne (respectivement +1,9% et +1,7% sur un an).
- L’évolution des salaires est nettement plus dynamique dans l'industrie en France (+2,3% sur un an) qu’en Allemagne (+1,5%). La France affiche en outre un coût du travail horaire manufacturier supérieur et plus dynamique que dans la moyenne de la zone euro (33,6€, +1,5% sur un an), notamment par rapport à l’Espagne (22,8€, +0,1%) et à l’Italie (27,7€, +0,7%).
• Le coût horaire du travail risque d’accélérer nettement en France en 2018
Pour la première fois depuis 2012, aucun allègement supplémentaire du coût du travail ne sera mis en œuvre en France et une baisse d’un point du taux du CICE interviendra même au 1er janvier.
En outre, à cette même date, le SMIC sera revalorisé de 1,24%. Ces deux mesures devraient entraîner en moyenne dans les secteurs marchands une hausse de l’ordre de 1,2% du coût du travail français, toutes choses égales par ailleurs. La hausse récente des difficultés de recrutement dans la plupart des secteurs pourrait pousser encore davantage les salaires à la hausse au cours des prochains trimestres.
• Cette observation est également valable en tenant compte de la productivité du travail
Dans les secteurs marchands, le coût salarial unitaire (CSU), qui rapporte le coût horaire du travail à la productivité réelle horaire du travail, progresse en France à un rythme similaire à la moyenne de la zone euro (+1,1% sur un an) et moins rapide qu’en Allemagne (+1,4%). Il a cependant tendance à accélérer. Dans l’industrie manufacturière, le CSU baisse en France (-0,3%) mais moins nettement que les années précédentes (-1,9% en 2015, -1,0% en 2016) et que chez ses partenaires. Le CSU manufacturier pourrait progresser en France en 2018, au détriment de la compétitivité et de l’emploi.