Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Dopé au 1er trimestre 2019 par l’effet de la prime "pouvoir d’achat" sur les salaires, le coût horaire du travail a retrouvé en France un rythme de progression plus modéré au 2e trimestre. Il s’établit à 37,3€ contre 31,6€ en moyenne en zone euro et 36,7€ en Allemagne dans l’ensemble des secteurs marchands.
Suite à la parution des indicateurs des coûts de la main d’œuvre en Europe*, quelques observations sur l’évolution récente des coûts salariaux français au sein de la zone euro :
• Le coût du travail a progressé modérément en France au 2ème trimestre 2019. Il reste l’un des plus élevé de la zone euro
- Dans l'ensemble de l'industrie et des services marchands, le coût horaire moyen de la main-d'œuvre en zone euro est estimé à 31.6€ au 2e trimestre 2019. Il progresse de 2,6% sur un an. En France, il ressort à 37.3€, progressant de 1,9% sur un an. Il reste supérieur au coût allemand (36,7€), en hausse de 2,7% sur un an.
- Dans l'industrie manufacturière le coût horaire de la main-d'œuvre est estimé à 33.9€ en moyenne pour la zone euro, progressant de 2,0% sur un an. Pour la France, il ressort à 38.5€, en hausse de 1,8% sur un an. Il progresse plus rapidement qu’en Allemagne (+1,2%), où le coût du travail atteint 41,46€ de l’heure.
• Un effet sensible mais temporaire de la de la prime
- Le coût horaire du travail en France avait enregistré une hausse importante au 1er trimestre 2019 (+2,9% sur un an, contre +2,6% dans l’ensemble de la zone euro et +2,5% en Allemagne).
Cette hausse était essentiellement imputable à la dynamique des salaires (hausse de 3,1% sur un an) et, plus précisément, à la mise en place de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (exonérée jusqu’à 1000 € d’impôt sur le revenu et de cotisations sociales) à la suite du mouvement des gilets jaunes.
Les salaires ont ensuite mécaniquement décéléré au 2e trimestre (+1,5% sur un an). Hors prise en compte de la prime exceptionnelle, le salaire horaire n’aurait progressé que de +1,2% l’an au 1er trimestre 2019.
- L’effet de la prime exceptionnelle a été encore plus prononcé dans l’industrie manufacturière par rapport à l’ensemble des secteurs marchands. Au 1er trimestre 2019, la progression des salaires y a atteint +3,6% sur un an. Elle est revenue à +1,6% au 2e trimestre.
• Au 2e trimestre, le coût non salarial a progressé près de deux fois plus que les salaires
- Les charges annexes au salaire ont augmenté de +2,8% l’an au 2e trimestre 2019 en France, principalement en raison de la hausse des cotisations de retraite complémentaire entrée en vigueur avec la fusion des régimes Agirc et Arrco au 1er janvier 2019. Cette hausse avait été en partie masquée au 1er trimestre par le fait que la prime de pouvoir d’achat était exonérée de cotisations sociales.
- La transformation du CICE en allègements de cotisations sociales au 1er janvier 2019 a en revanche été globalement neutre sur l’indice du coût du travail. En effet, l’allègement reste de 6 points de masse salarial brut pour les salaires entre 1 et 2,5 fois le Smic. Cette transformation se traduit toutefois par une perte nette pérenne pour les entreprises en raison de la différence de traitement fiscal des deux dispositifs. En effet, contrairement au CICE, ce nouvel allègement accroît (toutes choses égales par ailleurs) la marge imposable et l’impôt sur les sociétés dû à ce titre.
A compter du 1er octobre 2019, un allègement supplémentaire de 4 points au niveau du Smic (dégressif et s’annulant à 1,6 Smic) sera mis en place et aura donc un impact à la baisse sur l’indice du coût horaire pour l’ensemble des secteurs marchands de l’ordre de 0,3% à compter du 4e trimestre 2019.
L'enquête quadriennale d’Eurostat sur les coûts de la main d'œuvre (ECMO) constitue une référence en matière de statistiques comparées sur le niveau et la structure du coût du travail en Europe. Pour suivre au plus près l'évolution de ces coûts, Rexecode actualise chaque trimestre les résultats de la dernière enquête à partir des indices publiés par Eurostat.
Les indices de coût de la main-d’œuvre pour le 2e trimestre 2019, publiés le 13 septembre permettent de prolonger les données de l'enquête ECMO 2016 (parue en 2019) et d’obtenir des comparaisons en niveau des coûts de la main d’œuvre dans les 28 pays de l’UE.