Pour bénéficier des gains de productivité et de croissance associés à l'Internet à très haut débit, la France devra investir massivement dans des infrastructures performantes. Les retours d'expérience montrent que l'incitation des opérateurs privés est la stratégie la plus efficace.

L'enjeu du très haut débit

La fibre optique est aujourd’hui la technologie d’accès à l’Internet la plus performante. Elle atteint des débits jusqu’à 100 fois supérieurs à ceux des réseaux de cuivre. La demande est encore faible en France et en Europe en raison d'un bon déploiement du haut débit via l’ADSL. Mais seul le très haut débit permettra de développer à grande échelle des nouveaux services pour les ménages et les entreprises, sources de productivité et de croissance.

La France et l'Europe ont pris du retard. Fin 2011, la part des abonnés à la fibre optique dans le total des abonnés à Internet était de 63 % au Japon, de 56 % en Corée du Sud, de 9 % aux Etats-Unis et elle n’était encore que de 3 % en Europe occidentale.

Comment répondre au besoin massif d'investissements?

Le plus efficace : l'investissement privé par les opérateurs. Les retours d'expérience montrent que le modèle "d’activation des opérateurs" (Japon, Corée du Sud, Etats-Unis) est le plus efficace pour le développement de la fibre optique. Les autorités publiques incitent directement les opérateurs à investir et à se livrer une concurrence par les services et par les infrastructures de réseaux

L'investissement public : en renfort uniquement. La comparaison d'une vingtaine de pays montre que l’importance des dépenses publiques dans les réseaux de fibre optique n’est pas le critère décisif d’un déploiement efficace. L'investissement public est plus efficace s'il vient en complément de l’investissement privé, sans s’y substituer, excepté dans les zones rurales, peu denses en résidences et en entreprises.

Quelle stratégie pour la France et l'Union européenne?

Les opérateurs de réseaux sont les acteurs qui fournissent l’effort d’investissement le plus élevé de l’écosystème numérique. En 2010, ils ont investi 14% de leur chiffre d’affaires pour un taux de marge de 11%, tandis que les intermédiaires de l’Internet ont investi près de 3 fois fois moins pour un taux de marge de 19%.

La valeur créée par les investissements des opérateurs européens dans leurs réseaux est captée en grande partie par les intermédiaires américains. De 2005 à 2010, la croissance annuelle moyenne du chiffre d’affaires des intermédiaires (Google, Facebook, etc.), qui sont principalement américains, a été de près de 20% alors que celle des opérateurs de réseaux a été à peine supérieure à 1%.

Conclusion : 5 priorités d'actions pour favoriser le déploiement du très haut débit en France