Depuis 1999, la France a tendance a perdre des parts de marché à l'exportation par rapport à ses concurrents européens. L’investissement dans l’industrie en France se marginalise. Le risque est qu’un processus auto-entretenu de perte de compétitivité extérieure de la France par insuffisance d’investissement ne soit engagé.

La comparaison de la dynamique des exportations françaises à celles de nos concurrents européens permet d’éviter les difficultés d’interprétation liées aux évolutions, favorables ou défavorables, de taux de change de l’euro. Cet indicateur que la tendance au recul des parts de marché à l’exportation de la France, apparue en 1999, ne s’est pas arrêtée depuis, sauf de manière transitoire.

L’examen des déterminants habituels de la compétitivité n’apporte pas d’explications très convaincantes de ce recul tendanciel. Les structures de spécialisation sectorielle et géographique des exportations françaises n’ont joué qu’un rôle mineur dans l’évolution défavorable des parts de marché à l’exportation.

L’explication de l’érosion de la compétitivité du territoire peut être aussi recherchée dans l’évolution de la compétitivité qualifiée de « hors-prix » ou dans le positionnement moyen du système productif dans la gamme de produits échangés. Toutefois, ces éléments restent peu conclusifs. La compétitivité « hors prix » ne se serait pas dégradée de manière significative au cours des années récentes.

Une piste d’explication reste encore peu explorée dans les modèles d’interprétation de la compétitivité. Les contraintes d’offre sont en effet mal prises en compte par les modèles simples de compétitivité. L’impact macroéconomique de la réduction du temps de travail sur l’évolution de la compétitivité extérieure de la France n’a pas encore été étudié dans tous ses aspects.

De même, les modèles habituels de la compétitivité relèguent souvent au second plan les divergences d’évolution des marges des entreprises. L’amélioration de la compétitivité en Allemagne s’est accompagnée d’un rétablissement spectaculaire des marges des entreprises. En comparaison, la progression de l’investissement des sociétés peine à accélérer en France. L’investissement dans l’industrie en France se marginalise. Son poids dans le PIB est tombé à moins de 2% en 2006. Il était le double il y a vingt ans. Le risque est qu’un processus auto-entretenu de perte de compétitivité extérieure de la France par insuffisance d’investissement ne soit engagé.