Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le Cepii a examiné l'impact du taux de change de l'euro sur les volumes et les prix des exportations françaises vers les pays hors zone euro, selon les secteurs, les gammes de produits et les pays de destination.
Une note du CEPII évalue dans quelles proportions le change de l'euro affecte le volume et le prix des exportations. L'analyse est basée sur des données détaillées sur les exportations et importations d'entreprises localisées en France (Douanes).
• Une dépréciation de 10% de l’euro relève la valeur les exportations d’environ 6% (surtout grâce à la hausse des volumes exportés). L'élasticité des exportations des firmes françaises au taux de change de l'euro est de l'ordre de 0,75. Elle varie peu selon les secteurs et le taux de change initial. En revanche, elle est plus importante pour les exportations vers les pays de l'Ocde que vers les pays émergents.
• La France peut aussi gagner en compétitivité par les prix à travers différents leviers (cotisations sociales, fiscalité, coût de l'énergie). Une variation du taux de change réel* aurait le même impact sur les exportations, qu'elle vienne d'une variation du taux de change de l'euro ou d'une variation des prix relatifs. Un ajustement du taux de change de l'euro aurait toutefois des effets beaucoup plus rapides.
• Les entreprises françaises gagneraient à développer l'internationalisation de leur chaîne de production. Les entreprises les plus performantes à l'exportation et les mieux protégées contre les variations de change sont également celles dont la production est la plus internationalisée. Les gains d'une dépréciation de l'euro sont limités par le renchérissement des importations de biens intermédiaires. Symétriquement les entreprises qui importent davantage de biens intermédiaires, bénéficient "d'une protection naturelle plus forte contre les mouvements du taux de change".
Les exportateurs français face aux variations de l'euro - CEPII, Jérôme Héricourt, Philippe Martin, Gianluca Orefice, Lettre du CEPII N.340, janvier 2014
Voir également :
Dans la note "L'euro dans la "guerre des monnaies",le CAE recommande un assouplissement de la politique monétaire de la BCE. Selon les auteurs, une baisse transitoire de l’euro améliorerait la compétitivité des exportateurs. Une baisse de 10% de la valeur de l’euro entraînerait une augmentation des exportations vers les pays hors zone euro de l’ordre de 7 à 8%. Elle a cependant pour inconvénient la hausse des importations (+3,5%), ainsi qu'un effet négatif sur le pouvoir d’achat des ménages et donc sur leur consommation de services locaux. Selon le CAE, les prix relatifs ayant un impact aussi important que celui du taux de change sur les exportations, il est nécessaire d'amplifier les politiques de compétitivité prix et hors-prix.
L'euro dans la "guerre des monnaies"- Conseil d'Analyse Economique, Agnès Bénassy-Quéré, Pierre-Olivier Gourinchas, Philippe Martin, Guillaume Plantin, Les notes du CAE N.11, janvier 2014
* Taux de change réel = taux de change nominal (taux de change fixe entre membres de la zone euro) corrigé de l'évolution des prix.