La Banque mondiale relève ses prévisions de croissance pour l’économie mondiale en 2018, l’embellie profitant à toutes les régions du monde. La croissance potentielle pourrait néanmoins décliner de manière généralisée dans les dix prochaines années. Par ailleurs une recomposition des qualifications de la main-d'œuvre mondiale devrait avoir des conséquences importantes sur les inégalités de revenus entre pays et en leur sein.

Après une année 2017 plus solide que prévu, la Banque Mondiale prévoit que la croissance mondiale atteindra 3.1% en 2018, dans un contexte de reprise des investissements, des activités manufacturières et des échanges commerciaux. Dans les pays avancés, elle fléchira légèrement pour atteindre 2.2% en 2018. Dans les économies émergentes et en développement, elle progressera de 4.5% en 2018, puis 4,7% en 2019-2020, un taux "proche du potentiel de croissance".

• Néanmoins la croissance potentielle est susceptible de décliner dans la prochaine décennie, sous l’effet d’un faible niveau d’investissement, d’une érosion des gains de productivité, et du vieillissement de la main d’oeuvre.

Ce ralentissement est généralisé, les économies touchées représentant plus de 65% du PIB mondial. La croissance pourrait alors baisser de 0,25% en moyenne dans le monde et de 0,5% en moyenne dans les pays émergents et en développement dans les dix prochaines années si rien n'est fait en matière de relance de l'investissement notamment.

• Associée à la démographie, l'éducation est une des clés de la croissance potentielle et de la répartition future des revenus au niveau mondial.

Ces 20 prochaines années, la population en âge de travailler diminuera dans les pays avancés en raison du vieillissement tandis qu'elle augmentera dans les pays émergents et en développement. Dans le même temps, la part des travailleurs éduqués progressera dans ces pays.

- La Banque Mondiale a calculé que d'ici 2040, le nombre global de travailleurs "qualifiés" (scolarité supérieure à 9 années) atteindrait 2,16 milliards, contre 1,66 milliards en 2011 (+30%). Cet accroissement se fera exclusivement dans les pays émergents et en développement.

En 2030, sur le marché mondial du travail, un travailleur éduqué des pays avancés sera en concurrence avec 3 travailleur éduqués des pays émergents ou en développement. En 2011 ce rapport était de 1 à 2. Ce choc serait du même ordre que le "grand doublement" des années 90 issu de l'intégration de la Chine, de l'Inde et de l'ancien bloc soviétique à l'économie mondiale.

- La Banque mondiale examine les conséquences de cette "vague éducative" sur les inégalités mondiales dans le cadre d'un scénario de base qui suppose une augmentation des qualifications par le seul renouvellement de la population active, à niveaux d'éducation constants. Selon ce scénario, d'ici 2030, le coefficient de mesure des inégalités Gini baisserait de 3,2 points au niveau mondial, la part des inégalités intérieures (53,9%) augmentant par rapport à celle des inégalités entre pays. Les ménages aux revenus moyens seraient les grands bénéficiaires, de même que les régions où l'éducation a fait le plus de progrès : Amérique latine, Afrique subsaharienne, Asie du Sud.

Global Economic Prospects : Broad-Based Upturn, but for How Long?
Banque mondiale, janvier 2018

Focus "Education Demographics and Global Inequality" pp. 219-229