Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Selon le dernier rapport annuel de l'AIE World Investment 2024, les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables progressent rapidement et dépassent désormais ceux dans les énergies fossiles, mais ce rythme devra être multiplié par deux pour espérer atteindre l'objectif zéro émissions nettes d'ici 2050 et les objectifs climatiques intermédiaires de 2030. L'efficacité énergétique supposera un effort encore plus important.
Dans son rapport World Energy Investment 2024, l'AIE (Agence International pour l'Energie) dresse chaque année un panorama des investissements dans le système mondial de production d'énergie, par types de technologies, par secteurs énergétiques et par zones. Il examine également les questions relatives au financement de ces investissements et à l'appréciation des risques.
Dans la dernière édition, l'AIE indique qu'en 2024 les deux-tiers des investissements énergétiques mondiaux devraient être consacrés aux énergies propres. Ces progrès sont importants mais, la base de départ étant basse, ils sont encore insuffisants pour espérer atteindre à ce rythme les objectifs de baisse des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 et contenir le réchauffement climatique à 1,5°C.
• Les investissements énergétiques mondiaux dépasseraient 3000 Md$s pour la première fois en 2024, les deux-tiers étant destinés aux technologies et infrastructures "propres".
En nette accélération depuis 2020, les investissements dans les énergies renouvelables dépassent désormais largement ceux dans les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz). En 2024, ce type d'investissements progresserait de 50% dans les pays émergents hors Chine par rapport à 2020 (Inde et Brésil en tête), un rythme équivalent à celui des pays avancés, loin derrière la Chine (+75%). Ils ont par exemple presque doublé en Afrique, mais la part des pays émergents hors Chine dans les investissements mondiaux stagnerait à 15%. Ces investissements propres sont estimés à plus de 300 Md$ aux Etats-Unis, contre 370 Md$ dans l'UE. Ces leaders mondiaux sont loin des 680 Md$ réalisés en Chine où les investissements sont principalement tirés par trois secteurs: les cellules solaires, les batteries au lithium, et les véhicules électriques.
• Le rythme actuel de progression des investissements permettrait d'atteindre environ les deux-tiers des objectifs climatiques de la COP28 d'ici 2030
Bien qu'impressionnant, le rythme de progression des investissements est encore insuffisant selon l'AIE qui évalue les efforts supplémentaires nécessaires pour atteindre les objectifs de la COP28 d'ici 2030. 500Md$ d'investissements supplémentaires dans les énergies renouvelables seront nécessaires chaque année pour répondre au scénario d’émissions nettes zéro d’ici 2050 de l’AIE et combler complètement le déficit d'investissement (y compris les dépenses pour les réseaux et stockage de la batterie).
Il faudra ainsi doubler les investissements dans le domaine des énergies renouvelables (y compris réseaux, batterie) pour tripler la production. Dans les pays émergents hors-Chine les investissements dans les énergies propres devront être multipliés par quatre. Il faudra aussi multiplier par trois les investissements au niveau mondial pour espérer doubler l'efficacité énergétique dans les secteurs utilisateurs (bâtiment, transports, industrie).
Résumé par la Doc de Rexecode, accès au rapport ci-dessous
World Energy Investment 2024
Agence Internationale de l'Energie (AIE), 6 juin 2024
Voir aussi :
World Energy Outlook Special Report: Strategies for Affordable and Fair Clean Energy Transitions
Agence Internationale de l'Energie, 30 mai 2024
Ce rapport examine les enjeux du partage des gains et des coûts de la transition énergétique et en particulier l'accompagnement des ménages, communautés ou pays les plus vulnérables aux hausses de prix de l'énergie et les moins capables d'assumer les importants coûts initiaux de la transition vers des énergies propres. Le coût initial est un obstacle alors que sur leur durée d'usage les technologies propres sont globalement moins coûteuses d'après les indicateurs de compétitivité-coût des énergies présentés. Le rapport fournit des exemples de politiques efficaces dans les économies avancées, émergentes et en développement.