Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
La France est certes l’un des pays les moins émetteurs de gaz à effet de serre au monde et ses émissions diminuent, mais à un rythme insuffisant. Les perspectives globales et sectorielles du Pôle Energie-Climat montrent que les objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) à horizon 2030 et au-delà ne pourront être atteints sans un important effort d’investissement supplémentaire, de l’ordre de 2,1% à 2,9% du PIB à par an d’ici 2030. Une planification écologique intégrant politiques climatiques et macroéconomiques sera indispensable.
Comment et à quel coût la France peut-elle conjuguer objectifs climatiques, ambition économique et contraintes budgétaires, autrement dit, résoudre le dilemme des émissions en accélérant la transformation de l'économie et le découplage carbone/croissance ?
Le Pôle Energie-Climat présente de nouvelles perspectives d'émissions de gaz à effet de serre sur le territoire français à horizon 2030 et 2050, en combinant une approche sectorielle et une approche globale, afin de mesurer l'écart par rapport aux objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Sur cette base, il propose une estimation des investissements nécessaires pour remplir cet objectif climatique.
Pour 2030, l’approche sectorielle par prolongation des tendances passées conduit à des perspectives d’émissions brutes (avant déductions des absorptions) de 365 millions de tonnes de CO2e. L’approche globale, basée sur un modèle simple combinant perspectives macroéconomiques, d'intensité énergétique et carbone, conduit à des émissions brutes de 349 millions de CO2e, en tenant compte des actions engagées dans les plans de relance et "France 2030".
Dans les deux approches, le point de passage de la SNBC pour 2030 (310 millions de tonnes de CO2e) est dépassé. Il faudra donc accélérer le découplage entre croissance et émissions pour une réduction supplémentaire des émissions de CO2e d’ici 2030 de l'ordre de 39 à 55 millions de tonnes. Pour 2050, l’écart augmenterait fortement (entre 102 et 180 millions de tonnes), mais la zone d’incertitude s’élargit.
• Un effort de 58 à 80 milliards d’euros d'investissements supplémentaires par an d'ici 2030
L'estimation des dépenses associées aux changements "physiques" à réaliser dans chaque secteur* (isolation, changement de véhicule, etc.), montre qu'au total entre 58 et 80 milliards d’euros (2,1% à 2,9% du PIB) d'investissement supplémentaires seraient à mobiliser chaque année d'ici 2030, par rapport aux investissements prévus dans nos perspectives macroéconomiques (hors mesures nouvelles). L'effort culminerait à 100 milliards (en euros constants) en 2040, avant une stabilisation progressive grâce aux économies induites par les investissements antérieurs.
Les dépenses d'investissement franchiraient une marche de +20% pour les ménages (isolation des logements, changement de véhicule) d'ici 2030 par rapport aux scénarios courants et de +10% pour les entreprises (obsolescence accélérée du capital productif, nouveaux process de production, renouvellement du parc automobile, adaptation des bâtiments).
• Planification écologique: visibilité à long terme, évaluations régulières et corrections
Au vu de l'effort de transformation et d’investissement à fournir par les divers acteurs, une démarche intégrant les instruments des politiques de décarbonation et l'évaluation de leurs conséquences économiques est nécessaire. Les coûts économiques et budgétaires de la tonne de carbone évitée devront faire l’objet d’évaluations régulières afin de combiner visibilité de long terme et corrections nécessaires. Il faudra aussi plus que jamais orienter massivement l’épargne privée vers l’investissement.
* Les investissements nécessaires dans 7 secteurs (bâtiment, transport routier, production d’énergie, décarbonation de l’industrie, décarbonation du secteur agricole, traitement des déchets, développement des puits de carbone) sont détaillés dans la seconde partie du document.
Documents de travail
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