Dans un contexte de remontée générale des taux d'intérêt, une étude de la Banque de France vise à en évaluer l'impact sur la dette des entreprises. Elle examine la progression du coût de la dette, selon sa structure et divers scénarios d'évolution des taux d’intérêt dans les quatre plus grandes économies européennes. Les entreprises italiennes et espagnoles, davantage endettées à court terme et à taux variable, risquent d’être plus fragilisées que leurs homologues françaises et allemandes.

Afin d'estimer l'impact du resserrement des monétaire sur la charge de la dette des entreprises, une note de la Banque de France s’appuie sur les données détaillées (contrat par contrat) collectées par l’Eurosystème pour reconstituer la structure et l'échéancier de la dette agrégée des entreprises des quatre plus grandes économies européennes (France, Allemagne, Italie, Espagne) au 31 décembre 2021.

L'étude porte sur les crédits déclarés par les banques de la zone euro dans la base AnaCredit 3 (dans le cas où l'exposition au débiteur dépasse 25000 euros) et les titres de dette émis par les entreprises de la zone euro recensés dans la Centralised Securities Database (CSDB). Ces données permettent d’établir une projection de l’augmentation du coût de cette dette sur plusieurs années selon divers scénarios d’évolution des taux d’intérêt.

Selon les calculs de la Banque de France, la hausse des taux d’intérêt de marché intervenue entre janvier et juin 2022 touchera plus rapidement les entreprises italiennes et espagnoles que les entreprises françaises et allemandes. Dans le cas où cette hausse s’accentuerait de +2% entre juin et décembre 2022, les taux d’intérêt moyens des dettes des entreprises des quatre pays continueraient d’augmenter progressivement à l’horizon 2026. Ils atteindraient + 2,3% en France et en Allemagne, voire +2,5% en Italie et +2,7% en Espagne, par rapport à janvier 2022.

Les profils d'endettement diffèrent en effet selon les pays. Ainsi, les entreprises françaises affichent une part importante de titres de dette dans leur passif (30% de leur dette consolidée à fin 2021 contre 10 à 15% pour les trois autres pays) mais ils sont principalement à taux fixe et présentent une maturité moyenne assez longue (plus du 1/3 supérieure à 5 ans). "La combinaison de ces deux caractéristiques garantit une certaine stabilité du coût de la dette des entreprises françaises" selon la Banque de France. La dette des entreprises italiennes présente un profil inverse, avec une maturité moyenne plus courte et davantage de taux variables (aux 2/3).

Synthèse par la Documentation de Rexecode, lien ci-dessous pour accéder au document

Hausse des taux d’intérêt : les entreprises européennes ne seront pas affectées au même rythme
Maxime Gueuder, Sébastien Ray
Banque de France, Bulletin N.243-2, 2 décembre 2022

Voir aussi, à propos des taux d'intérêt :

Central Bank Monetary Policy Strategies amid Turmoil in the World Economy
Michel Aglietta, Sabrina Khanniche
Cepii, Policy Brief N.39, novembre 2022

Dans un environnement économique marqué par les crises successives (Covid-19, guerre en Ukraine et crise énergétique, catastrophes climatiques, crise immobilière en Chine), les banques centrales doivent lutter contre une inflation élevée et persistante, tout en limitant le risque de récession sévère ou prolongée, tache d’autant plus difficile qu'un manque de coopération peut amener une surenchère dans la hausse des taux directeurs. Ce manque de coordination a aussi une incidence sur la soutenabilité de la dette des pays émergents et en développement. Le Cepii passe en revue les politiques et stratégies des banques centrales en Europe, aux Etats-Unis et en Chine.