Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
L’Insee publie dans l’édition 2021 de "Revenus et patrimoine des ménages" une vision élargie de la redistribution en France, en intégrant les services publics et les effets des transferts notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation. La réduction des inégalités liée à la redistribution est plus de deux fois supérieure avec cette approche élargie qu’avec l’approche monétaire usuelle.
Pour donner une vision plus juste des phénomènes de redistribution en France, l’Insee présente pour la première fois dans son ouvrage "Revenus et patrimoine des ménages 2021" une approche élargie de son évaluation de l'impact de la redistribution sur les inégalités pour l’année 2018.
• L’Insee intègre dans son estimation élargie de la redistribution :
- les "transferts sociaux en nature" : accès des ménages à des services publics gratuits ou à un coût plus faible que celui du marché, comme l’éducation, la santé, l’action sociale, mais aussi les allocations logement ou les chèques énergie par exemple ;
- une valorisation monétaire des "services publics non individualisables" comme la police, la défense ou la justice ;
- le poids sur le niveau de vie des ménages des taxes indirectes, dont la TVA et les impôts sur la production.
• La redistribution est deux fois plus ample avec cette approche élargie qu’avec une approche monétaire.
- Le revenu primaire élargi moyen des 10% des individus les plus aisés est 13 fois plus élevé que celui des 10% les plus modestes. Ce rapport, après redistribution, est ramené à 7 sur le niveau de vie usuel, puis à 3 sur le niveau de vie élargi.
- Les deux tiers des ménages sont bénéficiaires nets de la redistribution, c'est-à-dire qu'ils reçoivent davantage, en moyenne, en prestations et services publics qu'ils ne versent en impôts, taxes et contributions sociales. Ils ne sont qu'un tiers dans l'approche usuelle de la redistribution.
• Selon l'Insee, les transferts "en nature" contribueraient pour moitié à la réduction des inégalités.
Ces prestations représentent en moyenne 8800 € par an et par unité de consommation*. Il s’agit de l’un des principaux vecteurs de la redistribution élargie (408 Mrds€ en 2018, soit 21% du revenu national net), devant les prestations sociales monétaires (23%), puis les dépenses de consommation collective (dépenses dans la police, la justice, etc. – 16%) et les retraites (10%). A l’inverse, "les prélèvements sont légèrement anti‑redistributifs du fait des taxes sur les produits et des cotisations qui font plus que compenser la progressivité des impôts sur les revenus et le patrimoine".
* Les unités de consommation sont calculées selon une échelle d’équivalence qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.
Synthèse réalisée par la Documentation de Rexecode. Pour accéder au document, merci de cliquer sur le lien ci-dessous.
Réduction des inégalités : la redistribution est deux fois plus ample en intégrant les services publics
Aliocha Accardo, Mathias André, Sylvain Billot, Jean Marc Germain, Michaël Sicsic
Insee, Les revenus et le patrimoine des ménages, 27 mai 2021