Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Une note du Haut Conseil des finances publiques conclut que l’accélération récente de l’inflation n’aurait qu’un effet temporaire à la hausse sur l’épargne des ménages, une modélisation sur longue période indiquant une sensibilité de l’épargne aux variations du taux d’inflation, mais pas d’effet durable d’un niveau élevé d’inflation. Par contre, l’évolution de l’épargne en France dépendra surtout d’autres facteurs, inexpliqués à ce stade, qui l’ont soutenue à hauteur de 1,5 points depuis 2019.
Malgré la levée des restrictions sanitaires qui avaient entrainé une "surépargne" forcée, le taux d’épargne des Français reste élevé. Si sa baisse à moyen terme semble faire consensus, reste à déterminer à quelle vitesse et dans quelle ampleur.
Dans un contexte d’inflation élevée, les ménages vont-ils consommer davantage pour ne pas subir de futures hausses de prix, ou au contraire, épargner une plus grande part de leurs revenus ? Une étude du Haut conseil pour les finances publiques (HCFP) évalue l’effet de l’inflation sur le taux d’épargne des ménages en estimant la fonction de consommation sur la période 1951-2019, à partir de données Insee.
Au début des années 1980 caractérisées, comme la période actuelle, par un taux d’épargne des ménages élevé et une inflation soutenue, des études ont mis en avant un effet "d’encaisses réelles" (ou effet "Pigou" du nom de l’économiste britannique). Soit, la propension des ménages à épargner davantage face à une inflation élevée pour protéger leur épargne dont la valeur réelle était effritée.
Selon la modélisation du HCFP sur longue période, une hausse du taux d’inflation se traduit par une baisse temporaire de la consommation des ménages en volume. Par contre, le niveau de l’inflation ne semble pas avoir en soit d’influence significative durable sur la consommation et donc sur le taux d’épargne. "L’estimation d’un effet d’encaisses réelles significatif à la fin des années 1980 semble donc avoir été un artefact statistique, que l’analyse sur plus long terme des données" conclut la note.
Une partie du maintien d’un taux d’épargne élevé pourrait s’expliquer par la forte poussée d’inflation et serait temporaire. "Cet effet serait purement temporaire et l’inflation devrait donc cesser progressivement de soutenir le taux d’épargne". Par contre, de l’ordre de 1,5 point de la hausse du taux d’épargne par rapport à 2019 n’est pas encore expliquée à ce stade et l’évolution du taux d’épargne des ménages dépendra en premier lieu de ces facteurs.
Synthèse par la Doc de Rexecode, lien vers le document ci-dessous.
La forte inflation enregistrée depuis 2021 pousse à la hausse, mais seulement transitoirement, le taux d’épargne des ménages
Haut Conseil des Finances Publiques – Axelle LACAN, Note d’étude N°2023-1, 5 juillet 2023