Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Une étude de France Stratégie montre que la part des dépenses de protection sociale en faveur des seniors a davantage augmenté, même s’ils sont de plus en plus mis à contribution. Surtout, le système n’a pas permis de compenser la dégradation relative de la situation des jeunes en termes de niveau de vie ou de pauvreté.
Pour évaluer si les jeunes générations françaises sont "sacrifiées" par la protection sociale, France Stratégie a dressé des profils par âge des transferts publics reçus et des prélèvements obligatoires versés, à partir des comptes de transferts nationaux sur la période 1979-2011.
Les dépenses de protection sociale bénéficient majoritairement aux plus de 60 ans. Les dépenses de protection sociale dont bénéficient les plus de 60 ans représentent 17,2% du PIB en 2011, soit deux fois plus que celles consacrées aux moins de 25 ans, en incluant les dépenses d’éducation. Ces dépenses ont fortement augmenté sur les trente dernières années quand celles dédiées aux jeunes stagnaient. Cette hausse est d’abord imputable à la démographie, les effectifs des plus âgés ayant davantage augmenté que ceux des plus jeunes.
La protection sociale défavorise-t-elle les jeunes ? Les dépenses individuelles de protection sociale ont évolué de façon comparable entre les groupes d’âge : Les dépenses sociales rapportées au PIB par tête ont ainsi progressé de 15% pour les plus de 60 ans et de 23% pour les moins de 25 ans en 30 ans. Mais du fait de sommes de départ très différentes, elles restent plus élevées pour les seniors.
Côté financement, les plus âgés sont davantage mis à contribution que par le passé, notamment depuis l’introduction de la CSG au début des années 1990. Leur taux de prélèvement a doublé en 30 ans pour atteindre 20%, quand celui des actifs, sur lesquels repose encore l’essentiel de l’effort de contribution, passait de 27% à 37%. Les transferts nets de protection sociale ont évolué plus favorablement pour les jeunes, tout en restant dix fois plus élevés pour les plus de 60 ans, du fait notamment des retraites.
A l’avenir, selon France Stratégie, il sera difficile de mettre davantage à contribution les jeunes et les actifs, dans un contexte où la pauvreté touche 2,5 fois plus souvent les jeunes que les seniors. Ce qui appellera dans les dix prochaines années une baisse des transferts nets perçus globalement par les plus de 60 ans, baisse déjà engagée par les réformes des retraites. Plus globalement il faudra viser de plus forts taux de participation à l'emploi (des seniors comme des jeunes) pour assurer la soutenabilité du système.
Les jeunes sont-ils sacrifiés par la protection sociale ? France Stratégie, Hippolyte d’Albis, Pierre-Yves Cusset, Julien Navaux, Note d’analyse N°37, 12 janvier 2016
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