La guerre de la Russie contre l'Ukraine a gravement ébranlé la confiance, entraîné une nouvelle flambée des prix de l'énergie et des denrées alimentaires et, conjuguée aux perturbations liées à la politique zéro-Covid en Chine, aggravé les tensions sur les chaînes d'approvisionnement. Ces facteurs pèsent fortement sur la reprise, selon plusieurs institutions qui ont publié récemment des prévisions nettement révisées à la baisse pour la croissance et à la hausse pour l’inflation et entourées de forts aléas.

"Le prix de la guerre en Ukraine est élevé" (flambée des prix des matières premières et de l'inflation, problèmes d'approvisionnement, notamment dans le domaine agricole, flux de réfugiés, etc.), surtout pour les plus vulnérables, "et devra être partagé par tous" selon la cheffe économiste de l’Ocde, Laurence Boone.

Ce conflit remet en cause la reprise post-Covid. Dans ses dernières Perspectives économiques, l'Ocde revoit ses projections de croissance à la baisse, à 3% en 2022 pour l'économie mondiale (contre 4,5% en décembre) puis 2,75% en 2023. L’inflation serait de l'ordre de 9% en 2022 dans les pays de l’OCDE, soit le double de ce qui était attendu en décembre, pesant sur le revenu disponible des ménages et leur consommation. L’évolution future de l’investissement des entreprises est incertaine. Au conflit russo-ukrainien s'ajoutent les conséquences nationales et internationales de la politique "zéro Covid" de la Chine.

Les risques pesant sur ces perspectives sont importants.Un scénario d’embargo total sur le gaz russe est examiné à titre indicatif à l'aide du modèle macroéconomique mondial NiGEM. Les simulations montrent que la série de chocs induits par l'embargo pourrait amputer la croissance européenne de plus de 1,25 point de pourcentage en 2023 par rapport au scénario de référence, et augmenter l’inflation de plus de 1 point. À l’échelle mondiale, l’inflation serait renforcée de plus de 0,5 point et la croissance amputée d’un peu moins de 0,5 point.

En France, après un fort rebond en 2021, l’Ocde retient que le PIB progresserait de 2,4% en 2022 et de 1,4% en 2023. L’inflation atteindrait 5,2% en 2022 et 4,5% en 2023. Les investissements et les exportations ralentiraient, tandis que les salaires accéléreraient en raison d’importantes pénuries de main-d’oeuvre et de l’indexation du salaire minimum. Le taux de chômage remonterait progressivement pour approcher 8% en 2023.

Synthèse réalisée par le service Documentation de Rexecode, lien ci-dessous pour accéder au document.

Perspectives économiques de l'Ocde : Le prix de la guerre
OCDE, N.111, version préliminaire, 8 juin 2022

• La Banque mondiale revoit aussi ses prévisions de croissance nettement à la baisse à 2,9% en 2022 (contre 4,1% attendus en janvier) en raison de la guerre en Ukraine et de ses conséquences : la croissance mondiale devrait fortement ralentir, passant de 5,7% en 2021 à 2,9% en 2022 . Ce rythme de croissance devrait perdurer jusqu’en 2023-2024. Elle s'interroge dans aussi cette édition sur les risques de stagflation.

Stagflation Risk Rises Amid Sharp Slowdown in Growth
BANQUE MONDIALE - Global Economic Prospects, 7 juin 2022


• Selon la BCE, le PIB de la zone euro devrait croître de 2,8% en 2022 (-0,9 point par rapport à mars) et de 2,1% en 2023 (-0,7 point) et 2024. Ces perspectives de croissance ont été révisées à la baisse principalement en raison des répercussions économiques de la guerre en Ukraine, tandis que la croissance de 2024 a été révisée à la hausse de 0,5 point de pourcentage, un rebond de l'activité étant attendu "à mesure que les vents contraires s'estompent".

Eurosystem staff macroeconomic projections for the euro area
BANQUE CENTRALE EUROPEENNE, 9 juin 2022

• Pour la France, la prévision de croissance de l’OFCE passe à 2,4% du PIB pour 2022 (contre 2,7% dans leur publication du 25 mai 2022), avec un acquis de croissance fin 2021 révisé de -0,3 point de PIB compte tenu de la révision des comptes trimestriels du 31 mai par l’Insee.

La croissance à l’épreuve des chocs - Perspectives pour l’économie française 2022
OFCE – Policy Brief N°107, 9 juin 2022