Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
La Banque des règlements internationaux estime qu’à l’échelle mondiale, depuis le début de la pandémie de Covid-19, de nombreuses faillites ont été évitées grâce à l’offre abondante de crédit dont disposent les entreprises pour compenser leurs pertes. Evitées… ou retardées : le risque de défaillances, ou de zombification des entreprises, n’est pas à écarter au vu du niveau d’endettement des entreprises.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, un "écart de faillite", soit la différence entre les faillites attendues et les faillites survenues, est apparu dans le monde. Selon la Banque des règlements internationaux (BRI), l'offre abondante de crédit pour compenser les pertes à court terme, en dissociant les faillites de la forte réduction des flux de trésorerie des entreprises, a été un facteur important de ces faillites évitées. A l’inverse, lors de la crise financière de 2008, les conditions d’accès au crédit se sont resserrées. L’écart de faillite est observé graphiquement. Normalement, la courbe des faillites tend à augmenter lorsque le chômage est à un niveau élevé et que la croissance du PIB est basse (comme en 2008). Or, l’inverse s’est produit en 2020.
La BRI estime toutefois qu'il est encore trop tôt pour écarter le risque de défaillance dans certains secteurs. En 2020, l'endettement des entreprises a en effet fortement augmenté : de l’ordre de +20 et +15 points de pourcentage dans les secteurs du transport aérien et de l'hôtellerie, restauration et loisirs, par exemple. Entre hausse significative de l'endettement et prévisions de bénéfices toujours faibles dans certains secteurs, l'extension temporaire du crédit n'aura peut-être que retardé l’insolvabilité de certaines entreprises.
Pour évaluer le risque d’insolvabilité résultant d’un endettement accru, deux scénarios macroéconomiques sont examinés.
• Dans le premier scénario, les bénéfices des entreprises reviennent à leur niveau pré-Covid, grâce à un déploiement rapide des vaccins et une reprise généralisée de l'activité. Dans ce scénario optimiste, les faillites peuvent augmenter mais le risque d'une hausse significative du nombre d'entreprises zombies est faible. Néanmoins le niveau plus élevé de l’endettement des entreprises pourrait entraîner des changements dans la propriété des entreprises (actionnaires ou créanciers).
• Le deuxième scénario, moins favorable, examine le cas où des niveaux d’endettement élevés se combinent avec un niveau de bénéfices plus déprimé, tel qu’attendu dans le consensus actuel des prévisions pour 2021. Dans un tel scénario, les risques de "zombification" dans les secteurs les plus exposés (transport aérien, hôtellerie-restauration, loisirs, industrie textile…) pourraient être plus élevés et pourraient se propager au secteur immobilier (commercial notamment, plus endetté).
Synthèse réalisée par le service Documentation de Rexecode, cliquez sur le lien ci-dessous pour accéder au document.
Liquidity to solvency: transition cancelled or postponed?
Banque des règlements internationaux – Ryan Banerjee, Joseph Noss, Jose Maria Vidal Pastor - BIS Bulletin N.40, 25 mars 2021
En France, entre janvier 2020 et janvier 2021 le nombre des défaillances d’entreprises a chuté de 38% (la même baisse qu’entre 2019 et 2020). Bien que la crise économique issue des restrictions sanitaires ait affecté inégalement les secteurs, le nombre de défaillances a reculé de façon remarquablement homogène dans toutes les filières, y compris dans celles à l’arrêt depuis plusieurs mois (bars, discothèques, restaurants, hôtels, salles de sport). Selon le modèle de prévision Coface, en prenant en compte à la fois les principales mesures de soutien aux entreprises (dispositif de chômage partiel, prêts garantis par l’État, Fonds de Solidarité) et la chute du chiffre d’affaires par secteur, le nombre de défaillances d’entreprises aurait dû croître de 6,5% en 2020 en France. Ainsi, près de 54.000 défaillances auraient dû être enregistrées en France en 2020, contre 31.490 procédures effectivement initiées. Ces 22.500 défaillances "manquantes" devraient se matérialiser d’ici à 2022.
Défaillances d’entreprises en France : plus de 22 000 entreprises en suspens
Coface – Bruno DE MOURA FERNANDES, Focus, 23 mars 2021
Voir aussi :
The business insolvency paradox in Europe: miracle and mirage
Coface – Marcos Carias, Bruno de Moura Fernandes, Christiane von Berg, Focus, 16 mars 2021
Secteur non financier | Des conditions financières souples, un ratio d’endettement en hausse et une stabilité macrofinancière exposée à des risques
FMI – Rapport Rapport sur la stabilité financière dans le monde, 29 mars 2021
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Enquête Trésorerie, Investissement et Croissance des PME
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