Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Selon les simulations de l'Ocde, le conflit russo-ukrainien pourrait faire perdre 1 point de croissance au niveau mondial et augmenter l’inflation de près de 2,5 points si les chocs observés sur les marchés financiers et les marchés des matières premières lors des deux premières semaines du conflit persistent pendant au moins un an. Le FMI explore les canaux de transmission de ce choc aux grandes zones de l'économie mondiale. L'Insee analyse l'impact d'un choc durable des prix énergétiques sur l'économie française.
Dans ses prévisions de décembre 2021, l'Ocde tablait sur une croissance mondiale de 4.5% en 2022 et à 3.2% en 2023. Les indicateurs parus depuis ne contredisaient pas ce scénario. La tendance était par ailleurs à une accélération de l’inflation dans la plupart des pays de l’Ocde en raison du rebond de l'activité et des problèmes d'approvisionnement.
• Dans ses perspectives intermédiaire, l'Ocde souligne que si le poids direct de la Russie et de l'Ukraine dans l'économie et la finance mondiales est modeste, les deux pays sont des fournisseurs essentiels de certains produits sur les marchés de matières premières (céréales, engrais, pétrole, gaz, métaux, gaz rares, uranium...). La guerre en Ukraine génère également une forte incertitude et pourrait provoquer des évolutions structurelles à plus long terme (hausse des dépenses militaires, fragmentation des systèmes financiers et commerciaux..).
Selon les simulations de l'Ocde, le conflit russo-ukrainien pourrait faire perdre plus de 1 point de croissance au niveau mondial (-1,4 pour la zone euro) et augmenter l’inflation de près de 2,5 points durant la première année pleine suivant le début du conflit si les chocs observés sur les marchés financiers et les marchés des matières premières lors des deux premières semaines du conflit persistent pendant au moins un an. La Russie verrait sa production reculer de plus de 10% et l’inflation progresser de près de 15 points.
Les pays européens sont particulièrement exposés en raison notamment de leur dépendance au gaz russe. L'arrêt de ces approvisionnements constitue d'ailleurs un risque majeur "difficile à quantifier". A titre indicatif, une baisse des importations d’intrants énergétiques de 20% (importations directes et indirectes de combustibles fossiles, produits pétroliers raffinés, d’électricité et gaz) réduirait la production brute dans les économies européennes de plus de 1 point avec de forts écarts entre pays et secteurs.
Si les prix du gaz remontent durablement au pic atteint au début du conflit (+170% par rapport à janvier), l’inflation en Europe augmenterait de 1,25 point supplémentaire (portant le choc total sur l’inflation dans la zone euro à plus de 3,5 points), la croissance européenne serait amputée de plus de 0,5 point supplémentaire.
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Perspectives économiques intermédiaires - Guerre en Ukraine : Conséquences économiques et sociales et implications pour les politiques publiques
OCDE, 17 mars 2022
• Une note de Blog du FMI rédigée par les directeurs des départements, Afrique, Hémisphère occidental et Asie et Pacifique, décrit les grands canaux par lesquels la guerre en Ukraine et les sanctions internationales à l'encontre de la Russie affecteront l'économie mondiale et, à des degrés divers les grandes zones géographiques (renchérissement des matières premières et inflation, perturbation des échanges commerciaux, des chaînes d’approvisionnement et des transferts de fonds, flux de réfugiés, perte de confiance et incertitude avec à la clé une déstabilisation des marchés émergents). Quant au chiffrage, les prévisions de croissance "seront probablement revues à la baisse" en avril.
Et aussi : dans son Country Report sur l'Ukraine publié le 14 mars dans le cadre de son instrument de financement rapide (IFR) le FMI anticipe une détérioration des perspectives de croissance d'au moins 13,5 points par rapport à un scénario de référence d'avant-guerre, avec un recul du PIB d'au moins 10% en 2022, sous condition d'une résolution rapide du conflit et d'un soutien massif des donateurs.
Comment la guerre en Ukraine se répercute dans toutes les régions du monde
FMI, 15 mars 2022, Note de Blog de Alfred Kammer, Jihad Azour, Abebe Aemro Selassie, IIan Goldfajn et Changyong Rhee
• Dans sa dernière Note de conjoncture, l'Insee fournit des "éléments d’appréciation" pour l'économie française à court terme, la guerre en Ukraine rendant les prévisions particulièrement incertaines.
Après un assez bon 1er trimestre, la conjoncture deviendrait plus incertaine, avec davantage d’inflation importée. "Si les prix d’importation de l’énergie observés début mars, certes très volatils, devaient se maintenir jusqu’à la fin de l’année, la perte d’activité pourrait être de près d’1 point de PIB annuel pour l’économie française en 2022". Ce chiffrage prend en compte les effets de bouclage international, mais pas les réponses de politique économique susceptibles d'atténuer le choc, ni les canaux susceptibles de l’aggraver (hausse des prix de l’énergie et des matières premières, ruptures d'approvisionnement, choc d'incertitude). Au total, la croissance annuelle en 2022 bénéficierait d’un fort effet d’acquis (+2,7% à l’issue du 1er trimestre - l'Insee ne donne pas de chiffre pour le reste de l'année) mais les aléas sur l’activité des prochains trimestres seraient importants.
Note de conjoncture: La croissance et l’inflation à l’épreuve des incertitudes géopolitiques
INSEE, 21 mars 2022