Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Dans son rapport sur l'économie française, l’OCDE encourage la France à poursuivre les réformes, tout en renforçant la maîtrise des dépenses publiques, afin de parvenir à une "croissance plus forte et plus inclusive". Selon ses simulations, l’impact de certaines réformes en cours sur le PIB potentiel par habitant serait de l’ordre de 3.2% à un horizon de 10 ans. En y ajoutant les réformes recommandées, cette augmentation serait de 5,1%.
L’OCDE, dans son rapport biennal au gouvernement français, confirme sa prévision de croissance pour l'économie française à 1,3% en 2019 (dont environ 0,4 point du fait des mesures d'urgence en faveur du pouvoir d'achat annoncées en décembre suite au mouvement des gilets jaunes) et en 2020.
L'organisation estime que les réformes en cours augmenteront de 3,2% le PIB potentiel par habitant à horizon de dix ans. Elles bénéficieraient surtout à terme aux ménages à revenus moyens et à ceux "de la tranche inférieure des revenus moyens".
Elle salue notamment la transformation du CICE en baisse de charges et l’augmentation de la prime d’activité pour les personnes faiblement rémunérées. Elle est également favorable à la réforme de l’assurance chômage, et notamment à des mesures évitant le recours excessif aux contrats courts : révision des règles de cumul allocations-emploi, modulation des cotisations employeurs selon la durée des emplois. Une baisse du taux de remplacement dans l'indemnisation des plus qualifiés pourrait aussi être envisagée.
Pour autant, sur les vingt dernières années, le PIB par habitant a progressé moins vite en France que dans le reste de la zone euro. En particulier, "l’emploi reste faible et la situation des finances publiques ne s'est pas redressée", en raison notamment de la difficulté à baisser la dépense publique. L’OCDE estime que la mise en oeuvre de ses préconisations, ajoutées aux réformes en cours, permettraient d’accroître le PIB potentiel par habitant de 5,1% en 10 ans. Parmi celles-ci :
• Mettre en œuvre plus rapidement le programme de réduction et d'évaluation des dépenses publiques. Le rapport souligne que le Comité d'Action Publique 2022 n'a pas pour l'heure fourni d'objectifs ou de pistes précises d'économies. Selon l'Ocde des marges d'économies et d'efficience existent, en particulier s'agissant des collectivités locales, des dépenses fiscales et de la masse salariale du secteur public.
• Relever progressivement l'âge effectif du départ à la retraite à 64 ans d'ici 2025, l'effort sur la dépense publique impliquant une réduction des dépenses de retraite en proportion du PIB.
• Mieux cibler l'investissement public. Les investissements et le stock de capital publics sont élevés en France et les infrastructures sont de qualité supérieure à la moyenne. Cependant ces dernières souffrent parfois d’un manque d'entretien. La stratégie d'investissement peut être améliorée (évaluation, conduite des projets, coordination des divers acteurs et échelons administratifs). Les investissements publics doivent aussi viser d’autres objectifs : environnement, innovation, numérique.
• Améliorer les performances du marché du travail. En dépit de l'amélioration récente de la situation de l'emploi, le marché du travail intègre mal certains groupes (les moins qualifiés, les jeunes) et se caractérise par une résilience et une adaptabilité aux mutations inférieures à la moyenne. Cela se traduit par une progression limitée de la productivité et des salaires. L’Ocde recommande de renforcer l’efficacité de la formation initiale et continue, de simplifier l’organisation des services d’accompagnement, d’encourager davantage le dialogue social au niveau des entreprises, et d’unifier les systèmes de soutien aux bas revenus.
L'OCDE prévient cependant que la mise en oeuvre de nouvelles réformes "nécessitera des mécanismes de compensation adéquats" des impacts négatifs à court terme.
Etudes économiques de l’OCDE : France 2019
OCDE, avril 2019
Voir également le commentaire de François Ecalle (Fipeco) sur le chapitre du rapport de l'OCDE sur les investissements publics.
Dans ses dernières prévisions semestrielles présentées le 9 avril, le FMI table sur une croissance de 1,3% en 2019 et 1,4% en 2020 en France.
Le FMI estime qu'en France, "les initiatives visant à réduire la charge administrative des entreprises, promouvoir l’innovation et accroître la concurrence dans le secteur des services compléteraient les mesures prises pour assouplir le marché du travail et stimuler la production potentielle."
World Economic Outlook
FMI, avril 2019