Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
A partir de l’enquête européenne WDN* réalisée en 2014, la Banque de France tire les premiers enseignements sur les spécificités du comportement des entreprises françaises entre 2010 et 2013. Elles se singularisent notamment par une hausse des salaires de base et des difficultés de recrutement inattendues au vu de la faiblesse de l'activité.
L’enquête WDN 2014 cible le comportement des entreprises européennes durant la période 2010-2013. Elle permet une analyse comparative des chocs et contraintes qui ont pesé sur les entreprises et la manière dont elles se sont ajustées, notamment au niveau salarial. La Banque de France met en perspective les résultats de l’enquête WDN pour la France avec ceux de l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.
Les entreprises françaises indiquent qu’elles n’ont pas perçu de difficultés de financement entre 2010 et 2013, à la différence des entreprises italiennes et espagnoles. La baisse de l’activité économique était liée pour une majorité d'entreprises à une diminution de la demande. De nombreuses entreprises font état d’une hausse de leurs coûts, notamment salariaux. Les entreprises dans lesquelles le salaire de base a augmenté entre 2010 et 2013 emploient plus de 80% des salariés en France. Et "de manière surprenante", plus de 40% des salariés français sont employés par des entreprises dans lesquelles la part variable des salaires a augmenté, témoignant d'une déconnexion entre activité et salaire.
Les entreprises rapportent des difficultés à embaucher du personnel qualifié, ce qui témoigne de la présence d’un chômage structurel. Parmi les pays qui connaissent un chômage élevé, la France se singularise par des difficultés de recrutement proches de celles de l’Allemagne, malgré des évolutions du marché du travail divergentes. Ces difficultés traduisent une inadéquation entre les qualifications des demandeurs d’emplois et les besoins des entreprises.
En France, en Espagne et en Italie, outre l’incertitude sur la situation économique, des caractéristiques institutionnelles comme l’instabilité de la législation du travail, les coûts de licenciement et les charges sociales élevées sont souvent considérées par les entreprises comme des freins à l’embauche, à la différence de l’Allemagne.
* L'enquête WDN est coordonnée par le Wage Dynamics Network, un réseau de recherche entre la BCE et 25 banques centrales de l’UE, qui étudie la dynamique des coûts salariaux et ses implications pour la politique monétaire dans la zone euro. La Banque de France a interrogé 1156 entreprises françaises.
Les entreprises dans la crise : premiers résultats d’une enquête européenne – Bulletin de la Banque de France N°201, Christophe Jadeau, Édouard Jousselin, Sébastien Rouxet Grégory Verdugo, 3ème trimestre 2015