Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
L'OCDE révise une nouvelle fois à la baisse ses prévisions de croissance pour 2019. Fragile, l’économie mondiale est déstabilisée par les tensions commerciales et risque également d'être pénalisée d'ici à 2021 en cas d'extension du conflit sino-américain, de Brexit sans accord ou encore d'un ralentissement plus marqué de l'économie chinoise.
Les dernières perspectives de l’Ocde soulignent l’atonie persistante de l’économie mondiale : la croissance devrait rester modérée en 2019 (3,2%) et 2020 (3,4%). L'Ocde relève trois grands risques pour une activité mondiale déjà fragile: une amplification du conflit commercial sino-américain, un Brexit sans accord et un fort ralentissement chinois.
L'escalade des tensions commerciales serait "très coûteuse"
• La hausse des tarifs douaniers américains et chinois appliqués en 2018 a déjà commencé à affecter la croissance et à alimenter l’inflation. Grâce à des simulations à partir du modèle NiGEM, l’Ocde estime que d’ici à 2021, la croissance dans les deux pays sera inférieure d’environ 0.2-0.3% à ce qu'elle aurait atteint sans ces droits de douane. Les échanges mondiaux s’en trouveront réduits d’environ 0.4%.
• Si elles sont maintenues, les nouvelles hausses annoncées en mai doubleraient ces effets (passage de 10% à 25% des droits de douane sur 200 Mrds de dollars d’importations de marchandises en provenance de Chine + mesures équivalentes de la Chine portant sur 60 Mrds USD de marchandises importées des États-Unis).
• Dans le cas où les États-Unis et la Chine imposeraient des droits de 25% sur la totalité des échanges bilatéraux, l’Ocde estime que le coût serait bien plus élevé en 2021 : réduction des échanges mondiaux de presque 1%, baisse des importations de quelque 2% aux Etats-Unis et en Chine, diminution de la production d’environ 0.6% aux États-Unis et 0.8% en Chine.
• L’incertitude entourant les politiques commerciales affecterait aussi les investissements des entreprises : une hausse de 50 points de base des primes de risque d’investissement dans tous les pays sur une période de trois ans aurait pour effet de renchérir le coût du capital et accentuerait les effets négatifs des droits de douane sur la production. Dans la zone OCDE, l’investissement des entreprises reculerait d'environ 2,5% en moyenne d’ici 2021 (env 3,7% aux États-Unis). Le niveau du PIB mondial en serait diminué de 0,7% en 2021 par rapport au scénario de référence.
Des perspectives "nettement plus défavorables" en cas de hard Brexit
Les prévisions actuelles de croissance du PIB du Royaume-Uni reposent sur l’hypothèse d’une "sortie ordonnée" du Royaume-Uni de l’UE avec une période de transition jusqu’à fin 2020. En cas de Brexit sans accord, les perspectives seraient "nettement plus défavorables". Notamment, le rétablissement des droits de douanes selon les règles de l’OMC réduirait le PIB du Royaume-Uni d’environ 2 points. Les effets négatifs du Brexit sur le Royaume-Uni auraient des conséquences majeures et variables selon les pays, l’Irlande, les Pays-Bas et le Danemark étant davantage exposés.
Un ralentissement plus marqué de l’activité en Chine serait lourd de conséquences
Le risque subsiste que les mesures de relance en cours de déploiement en Chine soient insuffisantes ou moins efficaces que prévu. Selon l'Ocde, une baisse non anticipée de 2 points de pourcentage de la croissance de la demande intérieure chinoise pendant deux ans pourrait entraîner une réduction de la croissance du PIB mondial de près de 0.4 point par an. Le Japon, les économies productrices de produits de base et les autres économies d’Asie de l’Est seraient les plus durement touchés.
Perspectives économiques de l’OCDE
Volume 2019 Numéro 1, Version préliminaire, N° 105, 21 mai 2019