Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le Conseil d’orientation pour l’emploi dresse un panorama détaillé des réformes du marché du travail mises en oeuvre dans dix pays européens* (hors France) depuis 2008. Il analyse les premiers effets des réformes à l’aune de trois critères : l’emploi et le chômage, la compétitivité, les inégalités et la pauvreté.
Le rythme des réformes relatives au marché du travail, qui avait déjà sensiblement augmenté en Europe depuis le milieu des années 1990, s’est accéléré à partir de 2008. Le Conseil d’orientation pour l’emploi identifie leurs grandes lignes directrices et leurs principaux effets dans dix pays.
Orientations communes de ces réformes : assouplissement du droit concernant les contrats de travail, décentralisation de la négociation collective, modération salariale et baisse du coût du travail (mise en place ou refonte du salaire minimum dans certains pays), régimes d’assurance chômage plus incitatifs au retour à l’emploi, gains d’efficacité au sein des services publics de l’emploi et dynamisation des politiques actives du marché du travail.
Premiers effets des réformes : globalement, les pays qui avaient réformé avant la crise s’en sortent mieux.
• Effet sur l’emploi et le chômage : Les pays qui avaient, dès avant la crise, corrigé des déséquilibres structurels sur le marché du travail et activé leurs politiques de l’emploi ont été moins touchés par le chômage et se sont rétablis plus facilement (Allemagne, Royaume-Uni, Autriche, Danemark et Suède). Les autres (Irlande, Espagne, Italie, Portugal), malgré des réformes plus poussées mais plus tardives, ont connu une dégradation plus forte et plus durable de la situation de l’emploi.
• Effet sur la compétitivité : Avant crise, les coûts salariaux unitaires connaissaient des évolutions très contrastées selon les pays. Le COE note une correction de ces écarts depuis la crise, les évolutions de la productivité restant disparates. Même si la compétitivité dépasse ce seul indicateur, le COE conclut que les réformes entreprises par des pays qui étaient en situation défavorable (Espagne, Portugal, Italie, Irlande) "ont donc conduit à améliorer leur compétitivité-coût".
• Effets sur les inégalités et la pauvreté : Avant la crise, le taux de pauvreté moyen de l’Union européenne était de 16%. Les pays nordiques et continentaux se situaient sous la moyenne (avec une augmentation notable en Allemagne suite aux réformes Hartz), les pays anglo-saxons et latins au moins deux points au-dessus de la moyenne. Depuis 2007, les inégalités comme la pauvreté (y compris la pauvreté au travail) ont augmenté, sans qu’il soit possible de corréler de manière générale cette évolution aux réformes des marchés du travail. Le COE souligne toutefois que dans les pays qui n’ont engagé leurs réformes qu’avec la crise, "la hausse de la pauvreté semble tenir pour l’essentiel au fonctionnement du marché du travail (effet emploi et effet salaire)"
*Allemagne, Autriche, Danemark, Espagne, Italie, Irlande, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni et Suède. Le cas de la France n'est pas examiné.
Les réformes des marchés du travail en Europe, rapport général (tome 1), synthèse et monographies par pays – Conseil d’orientation pour l’emploi, 5 novembre 2015
A lire également :
Les effets de la crise sur les marchés du travail européens : une intensité et une durée variables – Insee, France, portrait social édition 2015, Anne-Juliette Bessone et Jorick Guillaneuf
The Costs of Flexibility Enhancing Structural Reforms: A Literature Review. OCDE, Economics Department Working Papers N°1264, octobre 2015
Les implications budgétaires à court terme des réformes structurelles - BCE, Bulletin mensuel N°7, novembre 2015
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