Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Les entreprises européennes, et particulièrement françaises, ont constitué des réserves de trésorerie grâce au recours aux prêts garantis par l’Etat mis en œuvre pour les soutenir face à la crise issue du Covid-19. Ce coussin de liquidités est rassurant, mais les exigences en fonds de roulement ou les besoins en financement des entreprises pourraient croître en 2021, selon Euler Hermès et la Banque Postale.
Les entreprises européennes ont saisi l'opportunité des prêts garantis par l'État (PGE), proposés pour soutenir l’économie face à l’épidémie de Covid-19, pour constituer des réserves de liquidités. Selon une note d’Euler Hermes publiée le 24 février, c’est le cas en particulier en France, avec une hausse des dépôts de 26,4% fin 2020 par rapport à fin 2019 (+183,8 Mds€ en 2020), ainsi qu’au Royaume-Uni (+157 Mds de livres sterling) et en Italie (84,5 Mds€).
Cette constitution de réserves de trésorerie est "très positive" selon Euler Hermes. Elle permet aux entreprises d’avoir un coussin de trésorerie pour les futurs remboursements de dette. À très court terme, les remboursements de prêts étant retardés d'au moins un an dans la plupart des pays européens, les excédents de trésorerie seront probablement utilisés pour régulariser les reports de charges et financer des besoins en fonds de roulement supplémentaires.
En effet, historiquement, lors des phases de reprise économique, les exigences en fonds de roulement ont tendance à augmenter lorsque les entreprises reconstituent leurs stocks et que la discipline de paiement est susceptible de se relâcher. Ce fut le cas en 2010 (+2 jours en moyenne en Europe de l'Ouest) et en 2017 (+1 jour). En tenant compte d'une augmentation de 2 jours en 2021, un financement supplémentaire de 6,6 Mds€ serait nécessaire en Allemagne, 4 Mds€ en France, 3,8 Mds£ au Royaume-Uni, 3,2 Mds€ en Italie, 2 Mds€ en Espagne, 1 Md€ aux Pays-Bas et 0,8 Md€ en Belgique.
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European Corporates: (active) cash is king
Allianz – Euler Hermes – Ana Boata, Maxime Lemerle, 24 février 2021
Une note de la Banque Postale publiée le 23 février confirme le très fort recours des entreprises françaises aux PGE (133,4 Md€ de PGE alloués en France au 12 février 2021), un recours supérieur aux autres pays européens. Or, "de manière un peu paradoxale", les prêts obtenus par les entreprises (dont les PGE) ont assez largement alimenté leurs comptes courants, un phénomène particulièrement marqué pour la France.
L’auteur souligne l’effet trompe l’œil de ce "trésor de guerre", qui pourrait rassurer. Mais les besoins de financement des entreprises vont croître dans les mois à venir (redémarrage attendu de l’investissement, diminution du soutien public, remboursement des prêts contractés durant la crise). Et les flux de crédit pourraient se tarir avec la montée du risque de défaut, même si les taux d’intérêt vont rester bas sous l’effet de l’orientation de la politique monétaire de la BCE.
Les crédits ont fait les dépôts depuis le début de la crise
La Banque Postale - Alain Henriot, Rebond, 23 février 2021
Cette utilisation des PGE est confirmée par le dernier Baromètre Trésorerie, investissement et croissance Rexecode Bpi Le Lab (focus Impact de la crise sur la situation financière et le financement des entreprises), février 2021
61% des PME ayant demandé un PGE l’ont fait pour constituer des liquidités de précaution
68% des PME ayant obtenu un PGE ont utilisé une minorité du prêt ou ne l’ont pas encore mobilisé du tout