Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Fin 2019, la France occupait, pour la première fois, la première place en Europe en termes de projets d’investissements internationaux, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne, selon le baromètre EY sur l’attractivité de la France. La crise sanitaire et économique due au Covid-19 pourrait changer la donne, et inciter les entreprises à repenser leur chaîne d’approvisionnement.
Fin 2019, la France a pris la première place européenne pour l’accueil d’investissements internationaux selon le baromètre EY de l’attractivité, avec 1197 projets annoncés (+17% par rapport à 2018). Elle devance pour la première fois le Royaume-Uni (1109, +5%) et l’Allemagne (971, +0%). En particulier, les projets d’implantation et d’extension d’usines étaient en hausse de 20% entre 2018 et 2019, avec 409 projets industriels, devant l’Allemagne (161), la Turquie (138) et le Royaume-Uni (132).
La crise sanitaire rebat les cartes des plans d’investissement, même si les deux tiers des projets annoncés en 2019 sont déjà réalisés ou en cours de mise en œuvre. Parmi les projets annoncés en 2019, un-quart seraient reportés ou fortement revus et 10% seraient annulés, estime EY sur la base de son enquête auprès de 113 dirigeants internationaux fin avril 2020. La plupart des grands concurrents européens de la France devraient subir une correction à peu près identique, sauf la Pologne et le Portugal où les couts du travail sont plus compétitifs.
L’investissement étranger pourrait fortement ralentir en 2020 et 2021. 81% des projets prévus en 2020 par les dirigeants interrogés sont ainsi réduits ou reportés à 2021, mais peu sont annulés. Avec un impact variable selon les secteurs: les investissements devraient se poursuivre dans certaines activités, comme la santé, les loisirs en ligne ou le e-commerce, mais diminuer dans l’aéronautique, l’automobile, les équipements, la chimie ou la plasturgie.
Face à la crise du coronavirus, la nature et l’envergure des plans de relance joueront un rôle déterminant pour 80% des dirigeants dans le choix de localisation de leurs futurs investissements. Ils réfléchissent en particulier "au meilleur équilibre entre reshoring, nearshoring et offshoring". Si un mouvement massif de relocalisations nationales parait peu probable, 83% des dirigeants envisageraient une régionalisation des chaines d’approvisionnement, avec un rapprochement de certains sites de production (nearshoring) de leur bassin de consommation, dans des pays à bas coûts aux frontières de l’Union européenne (Europe de l’Est, Turquie ou Afrique du Nord).
Baromètre de l'attractivité de la France 2020 - La compétition de la relance
EY, 28 mai 2020
Voir aussi :
World trade: despite a sudden interruption, global value chains still have a bright future
COFACE, Julien MARCILLY, Matthew FONTES-BAPTISTA, Mélina LONDON, 26 mai 2020
En pleine pandémie de Covid-19, le commerce mondial a été ralenti par de nombreux facteurs : une récession mondiale, une forte incertitude, l’augmentation des coûts de transport et un protectionnisme localisé.
À plus long terme, selon Coface, les appels à relocaliser la production au niveau national pourraient également peser sur l'avenir du commerce mondial. Mais même si les éventuels problèmes d'augmentation des coûts de production et de manque de compétences nationales étaient résolus, ce nouveau processus de production locale dépendra toujours de l'approvisionnement en matières premières. Même en diversifiant les fournisseurs (la Chine étant souvent le principal fournisseur dans la plupart des secteurs), les principaux producteurs d'intrants sont en effet fortement liés les uns aux autres, ce qui signifie que l'exposition à un pays spécifique ne disparaîtrait pas même si l'offre d'intrants est davantage diversifiée.