Selon le rapport 2015 sur la soutenabilité budgétaire de la Commission européenne, la France fait partie des onze pays européens - dont la Belgique, l'Irlande, l'Espagne, la Finlande, le Royaume-Uni ou encore l'Italie - qui risquent d'être confrontés à moyen terme à des difficultés importantes de maîtrise des comptes publics.

Dans son rapport sur la soutenabilité des finances publiques, la Commission européenne estime le risque budgétaire élevé pour onze pays, dont la France. Ce diagnostic est basé sur les prévisions économiques d’automne de la Commission et sur le rapport "Ageing Report 2015", et sur une analyse de la soutenabilité de la dette et le calcul d’indicateurs de soutenabilité budgétaire.

Comme l’ensemble des pays européens, la France ne devrait pas être confrontée à des difficultés budgétaires "considérables" en 2016. La croissance passerait de 1,1% en 2015 à 1,7% en 2017. La dette publique serait contenue à 97,4% du PIB en 2017. A court terme, si la structure de la dette ne présente pas de risque, le gouvernement français peut néanmoins être confronté à d’autres risques, comme un niveau élevé de déficit primaire ou encore d'endettement du secteur privé.

A moyen terme, soit à l'horizon 2026, les perspectives sont plus pessimistes. A politique budgétaire inchangée, et "dans des conditions économiques normales", la dette française atteindrait 101 % du PIB en 2026. Les simulations de la Commission montrent que ce niveau de dette publique très élevé la rendrait très sensible à des chocs sur la croissance ou sur les taux d’intérêt. La probabilité que le niveau de dette soit plus élevé en 2020 qu’en 2015 est quasiment de 50%.

Selon l’indicateur de gap de soutenabilité budgétaire de la Commission, la France devrait consentir un effort budgétaire supplémentaire entre 2017 et 2022 équivalent à 4,4 points de PIB sur le déficit public structurel, par rapport au scénario de base "à politique budgétaire inchangée", pour espérer atteindre un niveau de dette de 60% en 2030. Cela supposerait d'atteindre un objectif très ambitieux de déficit structurel qui n'a été enregistré que dans 11% des cas de déficits recensés dans l'Union européenne sur la période 1980-2015.

A long terme, la Commission estime que les risques ne sont pas significatifs, notamment grâce à la réforme des retraites déjà engagée.

Fiscal Sustainability Report 2015, Commission européenne, Institutional Paper N.18, janvier 2016