Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le ministre du Travail vient d'annoncer une revalorisation du smic de 2 % au 1er juillet. Dans une étude rendue publique récemment, Pierre cahuc et Stéphane Carcillo rappellent que le niveau élevé du coût minimum du travail "est préjudiciable à l'emploi peu qualifié dans tous les secteurs".
Le ministre du Travail Michel Sapin a annoncé mardi 26 juin que le smic sera revalorisé de 2 % au 1er juillet 2012, soit 1,4 % au titre d'une prise en compte anticipée de l'inflation, et 0,6 % au titre du "coup de pouce". Le smic horaire sera ainsi porté à 9,40 euros.
• Dans une étude datée de mars, les économistes Pierre Cahuc et Stéphane Carcillo soulignent que « malgré les importantes sommes consacrées aux allégements de cotisations sociales ciblées sur les bas salaires, le coût du travail au niveau du salaire minimum reste élevé en France en comparaison avec les principaux partenaires commerciaux. (…) Cette situation est la conséquence de la rapide progression du salaire minimum depuis le début des années 1980, comparée à celle des autres pays de l’OCDE ». Ils rappellent que « les études empiriques montrent qu’un coût minimum du travail élevé constitue un obstacle à l’emploi des personnes les moins qualifiées pour toutes les activités concernées». Selon leurs calculs la réduction ou le redéploiement des exonérations de charges sur les bas salaires détruirait de nombreux emplois. Dans une tribune publiée dans Le Monde Economie du 13 juin, les même auteurs affirment qu'"augmenter le smic détruirait des emplois sans diminuer la pauvreté" et "qu'un accroissement supplémentaire du smic de 1% au-delà des règles légales actuelles [...] détruit ou empêche la création de 30.000 à 40.000 emplois à l'horizon de quelques années".
Les conséquences des allègements généraux de cotisations patronales sur les bas salaires. Pierre Cahuc, Stéphane Carcillo, mars 2012, diffusé en juin 2012 par Liaisons Sociales
• Le groupe d'experts sur le smic a été consulté mardi de manière informelle par le ministre du Travail. Dans un entretien au Monde le 22 juin, son président Paul Champsaur précisait que le groupe est opposé à une hausse du smic, qui aurait pour effet de "réduire le nombre d'emplois proposés par les entreprises", évoquant "20.000 emplois peu qualifiés supprimés par point supplémentaire de smic".
Salaire minimum interprofessionnel de croissance. Rapport du groupe d'experts, décembre 2011
• Enfin, à l'issue d'une réunion des représentants du patronat européen à Bruxelles le 26 juin, la présidente du Medef Laurence Parisot a estimé que cette augmentation de 2% du smic aura "peu d'incidence" sur l'emploi et la création d'emplois.
Voir également : Salaire minimum et bas revenus : comment concilier justice sociale et efficacité économique ? Pierre cahuc, Gilbert Cette et André Zylberberg, Rapport N°79 du Conseil d'Analyse Economique, 12 novembre 2008