Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Le Conseil d’analyse économique a analysé l’évolution de la situation financière des TPE-PME françaises pendant la crise Covid à partir de leurs comptes bancaires. La situation financière des entreprises étudiées s’est améliorée dans presque tous les secteurs. Pour autant, jusqu’à un quart des entreprises pourraient avoir des difficultés à rembourser leur PGE (prêt garanti par l’Etat).
Comment les PME et TPE françaises ont-elles encaissé la crise économique liée à la pandémie de Covid ?
Dans une note publiée le 29 septembre, le Conseil d’analyse économique (CAE) analyse l’évolution de la situation financière des PME et TPE en termes de trésorerie depuis fin 2019 jusqu’en août 2021, en exploitant les données des comptes bancaires de 115.000 entreprises détenus par le CIC (Crédit Mutuel Alliance Fédérale). Cette approche "est complémentaire des travaux effectués par la Banque de France et l’INSEE" qui exploitent des données beaucoup plus riches mais moins récentes (fin 2020 en général).
• La situation financière des entreprises étudiées s’est améliorée dans presque tous les secteurs d’activité, en particulier grâce au PGE (prêt garanti par l’Etat).
Les encours bancaires – nets de dettes – des PME sont passés de 125.000€ , en moyenne, fin 2019, à près de 200.000€ en août 2021 (de moins de 50.000 euros à près de 60.000€ pour les TPE). Cette forte amélioration de la trésorerie "s’est produite essentiellement entre avril et juin 2020, c’est‐à‐dire exactement au moment où les entreprises ont massivement recouru au PGE".
• Une trésorerie abondante qui éloigne le risque de défaillance à court terme mais une forte hétérogénéité des situations, tant entre secteurs qu’au sein de chaque secteur.
Les économistes du CAE observent notamment que :
- 15 à 25% des PME-TPE pourraient avoir des difficultés à rembourser leur PGE (données août 2021): il s’agit des entreprises, parmi celles qui ont contracté un PGE à un moment, dont le compte courant est inférieur à 20% de la dette trésorerie. "La question sera de savoir si ces entreprises vont par la suite générer des revenus suffisants pour pouvoir payer les annuités suivantes alors même que les aides s’éteignent".
- La trésorerie des TPE semble avoir été davantage protégée que celle des PME, ce qui peut s’expliquer par le ciblage des aides, initialement réservées aux TPE, puis progressivement étendues aux entreprises de plus grande taille.
- Les TPE des secteurs les plus exposés à la crise affichent paradoxalement la plus forte hausse des niveaux de trésorerie. Par exemple, les hôtels et restaurants, qui ont alterné les fermetures et les réductions d'activité depuis mars 2020, affichent une bonne santé financière (hors Ile-de-France). Le CAE estime que cette situation laisse supposer des effets de "surcompensation" par les aides de l'Etat des pertes d'activité subies.
• Le choc économique de la crise Covid a changé la nature de la dette bancaire des entreprises.
Avant la crise elle servait principalement à financer de l’investissement : pour les PME par exemple 81% de la dette bancaire était de la dette investissement contre 19% de dette trésorerie (respectivement 91% et 9% pour les TPE). Avec la crise une part importante de la dette bancaire sert désormais à financer des besoins de liquidités : en août 2021, 52% de la dette totale des PME (44% pour les TPE) est désormais de la dette trésorerie (essentiellement du PGE pour les entreprises les plus en difficulté).
Synthèse réalisée par la Documentation de Rexecode - Pour accéder au document, cliquez sur le lien ci-dessous
La situation financière des PME/TPE en août 2021 au vu de leurs comptes bancaires
Conseil d'analyse économique - Focus N°65, 29 septembre 2021
Voir aussi :
Le patrimoine économique national en 2020 - Des évolutions contrastées entre le secteur public et les secteurs privés
Insee Première N°1874, 4 octobre 2021
Fin 2020, le patrimoine économique national s’élève à 17.682 milliards d’euros, soit 9,6 fois le produit intérieur net. Il continue d’augmenter malgré la crise sanitaire (+6,9%, après +5,7%), soutenu par les prix de l’immobilier. Le patrimoine des sociétés non financières (SNF) accélère (+11,2% après +4,3% en 2019) et atteint 3372 mrds€.
Malgré la crise sanitaire, une dégradation limitée des délais de paiement en 2020
Rapport annuel de l'Observatoire des délais de paiement – Banque de France, 28 septembre 2021
Après quatre années de stabilité, les délais de paiement en France étaient nettement orientés à la baisse en 2019. Mais avec la crise sanitaire de 2020 et son impact sur l’activité des entreprises, les délais de paiement se sont rapidement dégradés. Cette dégradation a toutefois été contenue grâce notamment aux dispositifs publics massifs de soutien aux entreprises.
What 3.5 million French firms can tell us about the efficiency of Covid-19 support measures
VoxEU-CEPR – Benoît Coeuré, 8 septembre 2021
Dans ce billet du blog VoxEU, Benoît Coeuré, qui a présidé le Comité de suivi et d’évaluation des mesures de soutien aux entreprises, propose une synthèse du rapport final du Comité, publié le 27 juillet par France Stratégie.