Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Axelle Lacan, notre économiste France analyse pour Le Monde les principaux atouts et faiblesses de l'économie française en cette fin d'année et expose les grandes lignes de notre scénario pour 2016. Les soutiens extérieurs faiblissant, un franc rebond est peu probable.
La performance française est décevante, compte tenu de ces trois facteurs favorables.
Le problème structurel de la France n’est pas la consommation, elle a bien résisté en 2015, mais plutôt le commerce extérieur et l’investissement :
• Les exportations, notamment de produits manufacturés, ont été dynamiques jusqu’au 3° trimestre, mais depuis, on assiste à une inflexion, qui laisse penser à un épuisement des bienfaits de l’euro faible. Nous ne parvenons pas à faire mieux que les autres pays européens dans ce domaine.
• En ce qui concerne les taux d’intérêt, la BCE a récemment publié une étude montrant que les rigidités structurelles pèsent davantage sur les décisions d’investissement des grandes entreprises que le niveau du loyer de l’argent. Les conditions de financement ne font pas tout !
Ce sont notamment ces rigidités structurelles. La nature de l’amélioration des profits des entreprises françaises est également en cause. Pour le moment, les profits se sont améliorés en raison du repli des prix pétroliers et de la baisse des taux d’intérêt, mais aussi des mesures de politique économique du gouvernement (CICE, Pacte de responsabilité). Comme il s’agissait jusqu’à présent d’effets temporaires et potentiellement réversibles, ils n’ont pas favorisé la prise de risques de la part des chefs d’entreprise.
Pour 2016, nous tablons sur une hausse de seulement 1,3% du PIB, inférieure à la prévision du gouvernement et à la croissance de la zone euro (qui devrait atteindre 1,6% selon nous), car nous restons sceptiques sur la capacité de rebond intrinsèque de la France.
On a assisté récemment à une progression plus forte des gains de productivité horaire que des salaires horaires réels. Cette situation laisse espérer une amélioration plus pérenne des profits des entreprises, et peut expliquer pourquoi on assiste à une augmentation un peu plus importante de leurs investissements.
De plus, le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie manufacturière remonte : il est passé de 80,7% à 82,5% en un an. Enfin, l’investissement des ménages devrait être en hausse dès la fin de cette année.
Mais compte tenu du niveau de croissance attendu pour 2016, l’inversion de la courbe du chômage n’est pas pour l’an prochain. Nous prévoyons une stabilisation à 10,2%, après 10,1% en 2015.
Propos recueillis par Audrey Tonnelier
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Perspectives de l'économie mondiale 2016-2017, présentées à nos adhérents le 16 décembre 2015