Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
En 2020, les outils de relance budgétaire devraient prendre le relais des baisses de taux dans le soutien actif de la croissance. A défaut d'habit vert, dont le patron s'esquisse dans la douleur au fil des COP successives, la croissance mondiale endossera donc à nouveau en 2020 les habits un peu élimés des bonnes vieilles politiques de "réglage conjoncturel". Mais cela ne se fera pas sans accrocs.
La croissance mondiale endossera à nouveau les habits un peu élimés des bonnes vieilles politiques de "réglage conjoncturel", la trame de 2020 différant toutefois de celle de 2019.
2019 : l'assouplissement monétaire
C'est la politique monétaire qui a aiguillonné la croissance mondiale cette année avec l'utilisation de l'arme des taux directeurs dans toutes ses déclinaisons. A l'exception de la Banque de Norvège, toutes les principales banques centrales ont joué l'assouplissement monétaire en 2019.
Par une baisse à trois reprises du taux des fonds fédéraux aux Etats-Unis, voire à cinq reprises, si l'on prend en compte les deux hausses de taux que la Fed, en décembre 2018, anticipait encore d'effectuer en 2019. Via un taux des dépôts encore un peu plus négatif en zone euro. Au moyen d'une baisse du taux des réserves obligatoires en Chine. Le choix de la Banque de Suède de sortir des taux négatifs en fin d'année marquera toutefois peut-être un tournant. Il vient en tout cas interrompre le droit fil de décisions monétaires visant à soutenir une croissance mondiale qui avait tendance à rétrécir, essorée par la somme des aléas nommés contentieux commerciaux, du Brexit à l'embargo à l'encontre de l'Iran.
Du Japon à l'Inde, en passant par la Corée du Sud et la Chine, la relance par la dépense publique ou par la réduction d'impôts soutiendra l'activité en Asie. Aux Etats-Unis, la commande publique en construction a et va accélérer, même si c'est au prix d'une forme d'éviction de la commande privée. En France, le soutien du pouvoir d'achat par les mesures fiscales introduites en réponse au mouvement des "gilets jaunes" occasionnera une petite accélération de la consommation des ménages. Il ne se traduira toutefois pas forcément par une croissance plus soutenue. Après avoir porté l'activité depuis trois ans, l'investissement des entreprises et plus encore celui des administrations publiques sera moins dynamique en raison notamment de l'exercice du cycle électoral qui veut que les années d'élections municipales ouvrent une séquence de contraction de l'investissement public.
Attention aux nouveaux accrocs
Si la trame est connue, des accrocs ne manqueront pas de surgir. En 2019, ceux-ci se sont nommés Boeing, peste porcine ou encore récession électronique. Ils ont pesé et pèseront encore: les défauts de conception qui se sont révélés sur le 737Max occasionnent directement, sans prendre en compte les répercussions sur les fournisseurs de l'avionneur, une perte de croissance supérieure à 0,2 point de PIB aux Etats-Unis. La peste porcine se traduit par une accélération des prix des produits alimentaires qui ampute de 2 points le revenu des ménages chinois. La chute des ventes mondiales de semi-conducteurs début 2019 a pour sa part au moins autant contribué au tassement des échanges mondiaux que ne l'ont fait les sempiternels zig-zag des négociations commerciales sino-américaines.
En 2020, ces accrocs peuvent se former dans les bilans d'entreprises lourdement endettées et dont les résultats vont probablement ralentir. L'éventuelle transmission aux prix de l'accélération des salaires sera également à surveiller tant elle risque de prendre à défaut la politique monétaire qui a contribué à tisser la croissance récente.
Chronique de Denis Ferrand à retrouver sur le site des Echos