Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
La comparaison des coûts horaires en zone euro au 3e trimestre 2019 confirme que le coût du travail reste en France bien au-dessus de la moyenne mais qu'il augmente moins, en particulier dans l'industrie et notamment par rapport à l'Allemagne. Cette tendance devrait se poursuivre en 2020, au delà de probables à-coups trimestriels. Rapporté à la productivité horaire, le coût du travail progresse aussi moins vite en France que chez ses voisins.
Au 3ème trimestre 2019, le coût de l’heure de travail en France ressort à 37,7 € dans l’ensemble des secteurs marchands. Il est nettement supérieur à la moyenne de la zone euro (31,8 € ) et excède notamment le coût horaire allemand (37,1 €).
Il progresse à un rythme soutenu sur un an (+2,2%), mais plus modéré qu'en zone euro (2,5%) et en particulier qu’en Allemagne (2,8%).
La progression des salaires a également été modérée en France (+1,9% sur un an, contre 2,6% en zone euro et 3,0% en Allemagne) malgré des à-coups marqués au cours des deux premiers trimestres en raison du versement de la prime exceptionnelle en début d'année.
Dans l’industrie manufacturière, le coût horaire du travail progresse nettement moins vite que chez nos principaux partenaires européens.
Son niveau (38,7 € au 3e trimestre 2019) est inférieur de 4 € à celui de l'Allemagne et il progresse de seulement 1,7% sur un an contre 2,8% en moyenne dans la zone euro, dont 3,8% en Allemagne, 2,0% en Espagne et 2,4% en Italie. Ces écarts d’évolutions reflètent essentiellement des écarts de dynamique des salaires horaires.
Le coût horaire français devrait ralentir au 4e trimestre 2019, avec l’entrée en vigueur d’un allègement supplémentaire de cotisations employeurs de 4 points au niveau du SMIC, dégressif jusqu’à 1,6 SMIC. Cet allègement, de plus de 2 milliards € en année pleine, aura un impact à la baisse sur le coût du travail autour de 0,3 point.
Au 1er semestre 2020, le coût horaire du travail devrait de nouveau accélérer sous l’effet du renouvellement de la prime exceptionnelle (qui pourra être versée jusqu’au 30 juin). L’impact pourrait toutefois être atténué, car le dispositif est conditionné à un accord d’intéressement.
Comme en 2019, la fin du versement de la prime contribuera à ralentir la dynamique salariale au cours du 3e trimestre. Enfin, la moindre revalorisation du SMIC en 2020 (+1,2% contre +1,5% en 2019) devrait légèrement contribuer à ralentir la progression des coûts salariaux en France au cours de l’année.
Il est utile de comparer l’évolution du coût (nominal) de l’heure de travail à celle de la productivité (réelle) horaire du travail, en analysant le coût salarial unitaire (CSU).
- Dans l’ensemble de l’économie, le CSU progresse en France au 3e trimestre 2019 de +1,8% sur un an, soit un rythme inférieur à la moyenne de la zone euro (+2,3%). Le contraste est particulièrement prononcé avec l’Allemagne, qui enregistre une hausse sur un an de 4,1%. La divergence d’évolution des CSU entre la France et l’Allemagne apparue en 2000 est à présent quasiment résorbée.
- Dans l’industrie manufacturière, la hausse du CSU est limitée à 1,7% sur un an en France, contre 4,3% en moyenne dans la zone euro. L’Allemagne affiche une hausse de 8,4% qui résulte autant de l’accélération des salaires que d’une chute de la productivité industrielle (récession et rétention de main-d’œuvre).
Cette amélioration française de la compétitivité-coût apparaît cohérente avec le constat depuis 2016 d’une stabilisation de nos parts de marché à l’exportation par rapport à nos voisins européens.
Article paru dans La lettre de Rexecode de janvier 2020, publication réservée aux adhérents