Le poids de la dépense publique en France est non seulement l'un des plus élevés d’Europe mais aussi très supérieur (+12,6 points de PIB) à celui de l'Allemagne. Cet écart considérable, préjudiciable à l'équilibre de la zone euro, va de pair avec un décalage de croissance et de compétitivité. La comparaison des dépenses par fonctions entre les deux pays, et de leurs déterminants, permet d'identifier des pistes d'action.

La France dépense plus que l’Allemagne pour presque toutes les fonctions

A l’exception des fonctions Assistance et Recherche, la France dépense systématiquement plus que l’Allemagne, ce qui suggère un tropisme français globalement plus prononcé pour l'intervention publique, même en tenant compte de certaines spécificités nationales (politique de défense notamment).

Pour la fonction Enseignement, le surcroît de dépense s'explique entièrement par la démographie : le système éducatif français doit en effet accueillir près de 4 millions de jeunes de plus qu'en l'Allemagne.

A l'inverse, les dépenses de retraites sont considérablement plus lourdes en France qu'en Allemagne, alors que la part des plus de 62 ans y est plus faible. La dépense par senior est beaucoup plus élevée en France du fait d’un taux de remplacement plus favorable et d’un âge effectif de départ à la retraite plus précoce.

Les interventions économiques incluent diverses aides et crédits d'impôts, dont le CICE pour près de la moitié de la dépense. Sans équivalent en Allemagne, il disparaîtra en 2019.

Il est possible de diminuer le poids de la dépense publique de 4 points de PIB d'ici 2022

- Une intervention publique à rééquilibrer, des dépenses unitaires à maîtriser

Baisser le poids de la dépense publique totale implique de baisser certaines dépenses par tête, par des gains d'efficacité, mais aussi en réexaminant le périmètre de l'action publique et en touchant à certains transferts. Sur ce dernier point, la baisse du ratio des dépenses de retraites est un levier incontournable.

- La moitié de la baisse du ratio de dépense publique doit venir de l’accroissement du PIB par habitant

Les économies budgétaires ne constituent qu’une partie de la solution : seule une croissance potentielle plus forte permettra de baisser le ratio dépense publique/PIB en limitant les sacrifices budgétaires.

La politique économique doit continuer de s'attaquer aux principales anomalies françaises : le taux d'emploi (inférieur de 10 points à celui de l'Allemagne), la durée du travail tout au long de la vie (une des plus faibles d'Europe) avec un âge moyen de départ à la retraite inférieur de 3 ans à l'Allemagne, la dégradation spectaculaire de la compétitivité française depuis près de 20 ans par rapport à ses partenaires de la zone euro et en particulier l’Allemagne.