Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Un rapport de l’OFCE sur l’évolution du tissu productif en France de 2010 à 2020, montre que l’industrie a mieux résisté que la décennie précédente même si elle a continué à perdre des parts de marché à l'exportation. L’industrie de basse technologie décline tandis que le secteur manufacturier de haute technologie voit son poids économique augmenter, tout comme les services TIC. L'examen des moteurs de la productivité révèle cependant une détérioration peu rassurante des performances productives des entreprises pérennes.
L’OFCE étudie dans un rapport le tissu productif français pendant la décennie 2010-2020. Il examine l’évolution de sa structure (spécialisation, concentration, exposition à la concurrence internationale...), le comportement des entreprises (emploi, investissement, propension à exporter/importer) et ses performances (taux de marge, intensité des exportations). L’ensemble productif marchand analysé représente 67% de la valeur ajoutée marchande donnée par la comptabilité nationale et 90% des entreprises hors micro-entrepreneurs.
• Le secteur manufacturier de haute technologie et les services TIC marquent fortement l’évolution du tissu productif français. Le manufacturier HT est particulièrement important pour les trajectoires d’exportation, d'investissement, de personnel qualifié et de productivité. Les services TIC (technologies de l’information et de la communication), associés à la numérisation de l'économie, ont une croissance dynamique en emplois, en valeur ajoutée, en salaire et en valeur exportée.
• Le recul de la part de l’industrie dans la valeur ajoutée se poursuit plus lentement qu’au cours de la décennie précédente. Le rapport, constate cependant que "la France a continué à perdre des parts de marchés dans la majorité des secteurs de son industrie" citant ici le bilan annuel de la compétitivité française publié par Rexecode début 2023. Le recul industriel est dû à celui du secteur manufacturier basse technologie (BT), la croissance de la valeur ajoutée du secteur manufacturier HT dépassant en revanche légèrement celle de l'ensemble des secteurs marchands sur la décennie. C’est une bonne nouvelle pour la compétitivité française, mais moins pour l'emploi industriel, le contenu en emplois de ce secteur étant plus faible.
• La productivité des entreprises a crû faiblement sur la période 2010-2019 et reculé en 2020. La productivité globale des facteurs (PFG) et la productivité du travail ont augmenté respectivement de de 3,2% et 3,5% de 2010 à 2019 et chuté de 4,4% et 1,4% entre 2019 et 2020. L'OFCE souligne que la croissance de la PGF du secteur marchand sur la décennie 2010-2019 est très faible, "moins d’un tiers de point de pourcentage en moyenne annuelle sur la décennie". Ces gains de productivité, principalement intrasectoriels, ont d'abord été réalisés par un déplacement de l'activité vers les entreprises les plus productives. On observe par contre "une détérioration des performances productives internes des entreprises pérennes, principalement portée par le Manufacturier BT, la Construction et l’Hôtellerie & restauration". Un signal inquiétant pour l'évolution future de la productivité.
• L’OFCE estime enfin que le choc de la pandémie de Covid-19 en 2020 a pu "potentiellement accentuer la divergence entre la croissance des services à fort contenu technologique, dont les services TIC, d’une part, et l’industrie, d’autre part", dont l’investissement a ralenti tandis que les services TIC continuaient à investir.
Le tissu productif en France 2010-2020
OFCE - Sarah Guillou, Sébastien Bock, Aya Elewa, Evens Salies, Mauro Napoletano, Lionel Nesta, Tania Treibich, publié le 17 octobre 2023
Comprendre le tissu productif marchand en France - Une analyse de la décennie passée
OFCE - Sébastien Bock, Aya Elewa, Sarah Guillou - Policy Brief N°119, 22 septembre 2023
Dernière minute :
Le 4ème rapport du Conseil national de la productivité analyse les moteurs et les freins de la productivité et de la compétitivité françaises.
La première partie du rapport est consacrée à une évaluation plutôt favorable de la performance économique de la France par rapport à ses pairs depuis la crise sanitaire jusqu’à aujourd’hui. L'emploi, notamment a bien résisté ; l'inflation a été plus faible qu’ailleurs, "ce qui a profité au pouvoir d’achat des ménages et à la structure de coûts des entreprises".
Tandis que le télétravail converge lentement vers son niveau "optimal" pour la productivité, l’effet défavorable à court terme de l’essor de l’apprentissage devrait rapidement s’effacer "pour libérer des capacités productives accrues, donc un surcroît de prospérité à moyen terme".
La deuxième partie du rapport traite de l’impact (négatif) de l’optimisation fiscale des multinationales en France sur la productivité. La troisième partie passe en revue les actions pour la réduction des émissions carbone, et formule des propositions complémentaires susceptibles de leur permettre de préserver la compétitivité de la France.
Bilan des crises - Compétitivité, productivité et transition climatique - Quatrième rapport du Conseil national de productivité
CONSEIL NATIONAL DE PRODUCTIVITE - Natacha Valla Vincent Aussilloux, 23 octobre 2023