Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
L'Insee estime que la dynamique de l'emploi et les effets des politiques monétaires et budgétaires ont été plus favorables à l'activité au Royaume-Uni qu'en France de 2013 à mi-2016. Mais l'incertitude créée par le Brexit et l'affaiblissement de certains facteurs de soutien pourraient réduire l'écart de croissance entre les deux pays, voire l'inverser.
Entre mi–2013 et mi–2016, le PIB a augmenté davantage au Royaume-Uni (+7,7%) qu’en France (+2,8%), soit un différentiel de croissance de 4,9 points en trois ans (0,4 point en moyenne par trimestre). L’Insee évoque trois facteurs qui expliqueraient cet écart :
• Au Royaume-Uni, l’emploi très dynamique a soutenu pouvoir d’achat et consommation. La reprise exceptionnelle de l’emploi britannique a soutenu la consommation des ménages, grâce à la hausse de la masse salariale, mais aussi via la réduction de l’épargne de précaution liée à la baisse du chômage. Le comportement d’épargne britannique est en effet bien plus sensible au chômage qu’en France. Ce facteur aurait contribué pour +1,9 point* à l’écart de croissance du PIB de mi–2013 à mi–2016.
• Les politiques monétaires ont été comparables dans les deux pays, mais leurs effets ont été plus puissants au Royaume-Uni. Les politiques monétaires, accommodantes dans les deux pays, ont entraîné une forte hausse du prix des actifs britanniques. Celle-ci s’est répercutée sur les dépenses des ménages par d’importants "effets de richesse", sans équivalent en France. Cela expliquerait 2,0 points* supplémentaires d’écart.
• La politique budgétaire a davantage soutenu l’activité au Royaume-Uni. Elle aurait contribué pour 2,2 points* de plus, dont +0,6 point pour l’investissement public. Au prix d’un déficit public bien plus important qu’en France : en 2015, le déficit structurel y était estimé à 5,8% du PIB, contre 2,5% en France.
Au premier semestre 2016, avant même le référendum du 23 juin 2016 décidant du Brexit, l’écart conjoncturel entre les deux pays s’est réduit. Selon l’Insee, la dynamique pourrait même s’inverser "parce que les facteurs explicatifs de la croissance britannique jusqu’à mi–2016 s’estompent, mais aussi parce que les incertitudes soulevées par le Brexit pèseraient bien plus nettement sur l’activité outre-Manche qu’en France".
* Ces trois facteurs contribuent pour un total de 6,1 point à l'écart de croissance, ramené à 4,9 points en comptant d'autres facteurs (non précisés) qui jouent négativement.
Les raisons d’une croissance plus forte au Royaume-Uni qu’en France de mi–2013 à mi–2016
Insee Analyses N°27, Flore Cornuet, Yaëlle Hauseux et Julien Pramil, octobre 2016.
Cette note synthétise et met à jour un article paru dans la Note de conjoncture de ars 2016 (Les raisons d’une croissance plus forte au Royaume-Uni qu’en France depuis mi-2013).