Focus
Synthèse conjoncturelle hebdo
Une étude "à visée illustrative" de la Direction générale du Trésor analyse l’impact sur les finances sociales françaises d’un alignement du taux d’emploi de la France sur celui de l’Allemagne. Un tel alignement, en tenant compte des écarts de temps de travail entre les deux pays, aurait un effet positif sur le solde de la protection sociale d’environ 20 Mds€. Plus largement, il entraînerait une hausse des recettes de l’ensemble des administrations publiques d’environ 38 Mds€.
Même si le taux d’emploi a progressé en France ces dernières années, il reste inférieur celui qui prévaut dans d’autres pays européens et notamment en Allemagne. Le taux d’emploi allemand (76,8%) est supérieur de 8,7 points à celui de la France (68,1%) en 2022, avec en particulier des écarts importants des taux d’emploi des jeunes et des seniors. Une note de la Direction générale du Trésor examine, à la demande du Haut Conseil du Financement de la Protection sociale, l'impact potentiel d'une hausse du taux d'emploi à hauteur du taux allemand sur le financement de la protection sociale en France.
L’auteur souligne que l’exercice, destiné à donner des ordres de grandeur, doit être interprété avec prudence, car il repose sur des hypothèses fortes et simplificatrices, sur une moindre productivité des personnes mises en emploi, et ne tient pas compte du coût élevé des politiques publiques permettant d’augmenter le taux d’emploi, ni des effets à venir des réformes récentes (réforme des retraites de 2023, de l’assurance-chômage, du RSA…).
Il correspondrait à la création de 3,6 millions emplois, soit une hausse de près de 13% du nombre d’emplois, et à un gain de 1,5 million d’emplois (+5,3%) dans un second scénario tenant compte des écarts de temps de travail entre le deux pays, le travail à temps partiel étant plus largement répandu en Allemagne. Le choc d’emploi entrainerait une hausse du PIB de 7,0% sans prise en compte du temps de travail, ou 3,2% dans le second scénario.
En tenant compte des écarts de temps de travail, la hausse du taux d’emploi en France aurait un effet positif sur le solde de la protection sociale d’environ 20 Mds€
- les recettes de protection sociale augmenteraient d’environ 15 Mds€ (soit +1,6%), notamment via les cotisations sociales et la CSG générées par l’ensemble des "mis en emploi".
- La baisse des dépenses de prestations sociales et les moindres versements de revenus de remplacement hors retraites, dont les allocations chômage (-9,7 Mds€) serait en partie compensée par de nouvelles dépenses générées par la hausse de l’emploi. Au total, un alignement sur le taux d’emploi allemand réduirait les dépenses de protection sociale d’environ 5 Mds€, soit -0,6%, voire de 8 Mds€ hors hausse de la masse salariale publique.
- Au-delà du champ des comptes sociaux, la hausse du taux d’emploi pourrait entrainer une hausse des recettes de prélèvements obligatoires perçues par l’ensemble des administrations publiques d’environ 38 Mds€ (dont les 15 Mds€ de recettes sociales).
Synthèse par la Doc de Rexecode, accès au document par le lien ci-dessous
Quels seraient les effets sur les finances sociales d’un alignement du taux d’emploi français sur celui de l’Allemagne ?
DIRECTION GENERALE DU TRESOR - Juliette DUCOULOMBIER, 23 septembre 2024